Ce mardi matin, 19 mai 2009, Albert Jacquard est intervenu au Roudour à St Martin des Champs, près de Morlaix devant un public essentiellement composé de lycéens.
J'ai eu la chance de pouvoir assister à cette conférence. J'en sors à peine et je suis toujours sous l'émotion du discours de cet homme de 84 ans et fatigué, mais avec un esprit tellement jeune .
Il conserve une capacité, une volonté de faire passer un message, essentiel à ses yeux pour tous les hommes.
Ce monde n'est pas en crise, dit-il, mais en mutation, profitons-en pour repenser son organisation, les liens entre les hommes.
J'ai eu la chance de pouvoir assister à cette conférence. J'en sors à peine et je suis toujours sous l'émotion du discours de cet homme de 84 ans et fatigué, mais avec un esprit tellement jeune .
Il conserve une capacité, une volonté de faire passer un message, essentiel à ses yeux pour tous les hommes.
Ce monde n'est pas en crise, dit-il, mais en mutation, profitons-en pour repenser son organisation, les liens entre les hommes.
"Je n'ai pas de solution : mon objectif, ce n'est pas de construire la société de demain, c'est de montrer qu'elle ne doit pas ressembler à celle d'aujourd'hui."
Solitude : c'est le même mot pour deux situations opposées, la solitude subie, la solitude désirée.
La première est dramatique ; j'ai besoin des autres, et personne n'est là. Je suis comme un feu qui meurt étouffé, faute d'oxygène.
La seconde est, à certains moments, nécessaire pour retrouver la cohérence de tous les matériaux qui se sont accumulés, pour renouer des fils, pour se préparer à de nouvelles rencontres. Cette solitude choisie peut être aussi, elle-même, l'occasion d'une rencontre : c'est tout le miracle de la lecture ; quel bonheur que d'entendre Montaigne nous faire des confidences
Le Télégramme - 20 mai 2009
Le Télégramme - 20 mai 2009
Albert Jacquard. Tendre révolutionnaire
Polytechnicien et philosophe, Albert Jacquard, 83 ans, est avant tout un philosophe humaniste. Hier, il présentait son dernier ouvrage lors d'une conférence à Saint-Martin-des-Champs (29). Éclairé et incisif, le sage dénonce les comportements autodestructeurs des hommes et prône la coopération.
Nucléaire. Supprimer les bombes
«Les hommes ont dépensé beaucoup d'argent pour construire des bombes qui ne peuvent servir qu'à détruire l'humanité. Il faut supprimer les bombes nucléaires. La dissuasion nucléaire forme l'apothéose de la compétition. Et la confrontation de la force contre la force est une imbécillité. Les politiques n'évoquent jamais ce sujet. Il s'agit d'un déni de démocratie. Mon arme est la parole. Il faut dire et redire la vérité afin de changer les choses».
Écologie. Devenir moins gaspilleur
«Depuis des dizaines d'années, nous nous battons contre la nature. Nous avons épuisé les ressources de la planète. L'écologie est le dialogue entre l'humanité et la planète. Comment l'homme va-t-il agir avec la nature? Cela commence, pour les plus riches, par devenir moins gaspilleur. Il faut être lucide et changer complètement les comportements. Il est clair que la consommation matérielle n'est pas liée au bonheur».
Economie. Le mirage de la croissance
«Aujourd'hui, 1/5 de l'humanité dépense les 4/5 des richesses. Un changement suppose une remise en cause des concepts économiques comme la notion de valeur. Les sociétés actuelles reposent sur la croissance, c'est-à-dire la création de valeur. Mais qu'est-ce que cette valeur? Comment la mesure-t-on? La valeur est une notion indéfinissable. La valeur d'un objet dépend de l'objet lui-même mais encore plus de ce qu'il l'entoure. La valeur n'existe pas en soi. Si l'on tient compte de ces remises en cause, alors, tout ce que l'on fait aujourd'hui est absurde. Qu'est-ce qui a le plus de valeur dans la vie? Le jour où l'on a acheté une nouvelle voiture? Non, mais certainement celui où l'on a reçu un sourire que l'on n'attendait pas. Je suis pour la croissance, mais celle des véritables valeurs humaines».
La crise? Une absurdité
«La fameuse crise financière qui nous touche depuis près d'un an est une absurdité. La meilleure illustration est caractérisée par la réaction du gouvernement. Un jour, il nous dit que les caisses sont vides. Puis six mois plus tard, il distribue des centaines de milliards aux banques. Certainement de l'argent trouvé dans le double fond de la caisse. Ce n'est pas sérieux. Le terme de ?crise? n'a d'ailleurs aucun sens. Il faut plutôt parler de mutation, comme quelque chose d'irréversible. Et profitons de cette mutation pour changer la donne. Nous vivons dans une période où tout est possible, y compris le pire. Ceci est un fait et pas une opinion».
Éducation. Stopper la compétition
«L'école n'a pas pour but de fabriquer des gens compatibles avec la planète mais des gens capables de réfléchir à leur destin. Il ne s'agit pas d'accumuler des savoirs mais de partager avec les autres. C'est à l'école que l'on doit apprendre à se rencontrer afin de s'enrichir. Le système de notation ne sert à rien car la compétition engendre la destruction de l'autre. Cette concurrence n'est pas naturelle mais émerge d'une construction sociale. Il est primordial d'inventer une nouvelle ère où la coopération serait au centre de nos activités humaines. Si l'on accepte la généralisation de la compétition, alors, effectivement, le compte à rebours peut commencer».
Polytechnicien et philosophe, Albert Jacquard, 83 ans, est avant tout un philosophe humaniste. Hier, il présentait son dernier ouvrage lors d'une conférence à Saint-Martin-des-Champs (29). Éclairé et incisif, le sage dénonce les comportements autodestructeurs des hommes et prône la coopération.
Nucléaire. Supprimer les bombes
«Les hommes ont dépensé beaucoup d'argent pour construire des bombes qui ne peuvent servir qu'à détruire l'humanité. Il faut supprimer les bombes nucléaires. La dissuasion nucléaire forme l'apothéose de la compétition. Et la confrontation de la force contre la force est une imbécillité. Les politiques n'évoquent jamais ce sujet. Il s'agit d'un déni de démocratie. Mon arme est la parole. Il faut dire et redire la vérité afin de changer les choses».
Écologie. Devenir moins gaspilleur
«Depuis des dizaines d'années, nous nous battons contre la nature. Nous avons épuisé les ressources de la planète. L'écologie est le dialogue entre l'humanité et la planète. Comment l'homme va-t-il agir avec la nature? Cela commence, pour les plus riches, par devenir moins gaspilleur. Il faut être lucide et changer complètement les comportements. Il est clair que la consommation matérielle n'est pas liée au bonheur».
Economie. Le mirage de la croissance
«Aujourd'hui, 1/5 de l'humanité dépense les 4/5 des richesses. Un changement suppose une remise en cause des concepts économiques comme la notion de valeur. Les sociétés actuelles reposent sur la croissance, c'est-à-dire la création de valeur. Mais qu'est-ce que cette valeur? Comment la mesure-t-on? La valeur est une notion indéfinissable. La valeur d'un objet dépend de l'objet lui-même mais encore plus de ce qu'il l'entoure. La valeur n'existe pas en soi. Si l'on tient compte de ces remises en cause, alors, tout ce que l'on fait aujourd'hui est absurde. Qu'est-ce qui a le plus de valeur dans la vie? Le jour où l'on a acheté une nouvelle voiture? Non, mais certainement celui où l'on a reçu un sourire que l'on n'attendait pas. Je suis pour la croissance, mais celle des véritables valeurs humaines».
La crise? Une absurdité
«La fameuse crise financière qui nous touche depuis près d'un an est une absurdité. La meilleure illustration est caractérisée par la réaction du gouvernement. Un jour, il nous dit que les caisses sont vides. Puis six mois plus tard, il distribue des centaines de milliards aux banques. Certainement de l'argent trouvé dans le double fond de la caisse. Ce n'est pas sérieux. Le terme de ?crise? n'a d'ailleurs aucun sens. Il faut plutôt parler de mutation, comme quelque chose d'irréversible. Et profitons de cette mutation pour changer la donne. Nous vivons dans une période où tout est possible, y compris le pire. Ceci est un fait et pas une opinion».
Éducation. Stopper la compétition
«L'école n'a pas pour but de fabriquer des gens compatibles avec la planète mais des gens capables de réfléchir à leur destin. Il ne s'agit pas d'accumuler des savoirs mais de partager avec les autres. C'est à l'école que l'on doit apprendre à se rencontrer afin de s'enrichir. Le système de notation ne sert à rien car la compétition engendre la destruction de l'autre. Cette concurrence n'est pas naturelle mais émerge d'une construction sociale. Il est primordial d'inventer une nouvelle ère où la coopération serait au centre de nos activités humaines. Si l'on accepte la généralisation de la compétition, alors, effectivement, le compte à rebours peut commencer».
Steven Lecornu
Son dernier livre : " Le compte à rebours est-il commençé ? "
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