17 mai 2005

Lettre à Elise - 21 juin 2050

Rennes, le 21 juin 2050 (premier jour de l’'été, si ça a encore un sens...)
Ma chère Elise,
Tu dois trouver pour le moins curieux de recevoir une lettre de moi - surtout manuscrite et en papier - après deux ans de silence. Rassure-toi, je ne cherche pas à renouer, ni à te soutirer de l’'argent, ni même à te revoir. Je désire juste te donner de mes nouvelles, qui - je dois l’'avouer - ne sont pas très bonnes. Mais comme dit notre bien-aimé président (comment s'’appellet-il déjà ?), « il faut se serrer les coudes et tenir le coup «...
C’'est ce que je tente de faire depuis que je suis devenu un réco. Oui, tu as deviné : ce que tu craignais est arrivé. Ma maison ancestrale de Zant-Ivy que tu aimais tant (au début), ma maison plantée dans les dunes depuis des siècles, contre vents et marées... finie, en miettes. Elle qui a résisté à deux guerres mondiales, à cinq marées noires et à un nombre incalculable de tempêtes, c'’est finalement la mer qui l'’a emportée. Restent deux pans de mur et un pignon, défi dérisoire, juste histoire de montrer combien les anciens construisaient costaud...
Tu me diras, tant pis pour moi, j’'aurais dû m’y attendre, voilà ce qu’'on récolte à se cramponner à un passé révolu. Mais ça c'’est ta logique. Toi qui es née par clonage, qui es de nulle part, qui n’'as pas de racines, tu ne peux pas comprendre l’'attachement que l’'on éprouve envers une maison léguée de génération en génération, où planent les mânes des ancêtres, où chaque meuble raconte une histoire, où le poids des ans fait craquer les planchers... Même si elle est froide et inconfortable, même si elle s’'enlise dans des dunes crasseuses et instables, face à une plage infestée d'algues vertes et grignotée chaque année par la marée. Ce fut une des raisons de ton départ : « Comment peux-tu supporter toute cette merde ? « C’'est ce que tu répétais, le nez froncé de dégoût, un index accusateur tendu vers la plage puante et la mer jaunasse au-delà des dunes. Selon ta logique, quand un endroit devient invivable, on déménage vers un lieu encore préservé, n’'est-ce pas ? C'’est facile, avec un amant bien placé dans les cercles occultes du pouvoir, qui t’'offre les sésames des Enclaves les mieux protégées ! Bref, inutile de remuer « toute cette merde « - j’'ai enduré bien pire depuis...
Ne crois pas non plus que je t'’écris pour me plaindre : je veux juste te faire prendre conscience des conditions de vie d’'un réfugié écologique, car je ne suis pas certain que cette galère subie au quotidien par des millions d'’Européens parvienne jusqu’à ton Enclave suisse. (Je sais, le mot « Enclave « est péjoratif. Le terme officiel est Parc Résidentiel Sécurisé - PRS.
Eh bien moi, je vis dans un CHP, un Centre d’'Hébergement Provisoire. Pratiques, les initiales, pour masquer la réalité : tu vis dans une Enclave de riches et moi dans un camp de récos.)
Comme tu t’'en doutes, la situation n’a fait qu’'empirer durant ces deux années. Quand tu es partie, je crois que la commune faisait encore ramasser les algues vertes, dans l’'espoir d’'attirer quelques touristes. Espoir chimérique et vain, l’'Homo touristicus étant une espèce en voie de disparition... Bientôt la commune n'’a plus eu les moyens de louer des pelleteuses, puis s’'est délitée elle-même, emglobée dans un vague district aux contours et pouvoirs flous, qui n'’avait rien à faire de ce pâté de masures au bord d'’une côte dévastée, peuplé de vieux rogatons et de passéistes largués par l’'Histoire (moi, en l’'occurrence). La Poste - pardon : Euromail, Inc. - a fermé son bureau qui pourtant n'’était ouvert qu’'un jour par semaine ; le boulanger a mis la clé sous la porte ; le dernier bistrot - le Ty Coz, tu te souviens ? - a baissé définitivement sa grille à la mort de la vieille Soiz ; une épidémie de grippe asiatique, ou philippine, ou martienne, que sais-je, a fauché les plus faibles (faute de médecin), et les maisons se sont éteintes les unes après les autres... L’'an dernier, EDF - non, Energia-Europe - n’'a pas jugé rentable de rétablir le courant pour les rescapés du énième ouragan, donc plus moyen de travailler sur mon ordinateur... De toute façon, j’'avais repris l'’écriture manuelle, l’'électricité étant trop aléatoire et mes bons de fuel pour le générateur n'’étant pas « prioritaires «. Eh oui, j’'ai continué la poésie... même si je n’'ai aucune chance d’être publié, même si je suis « largué par l'’Histoire « avec mes émotions jetées brutes sur le papier, sans multimédia, sans interface man-machine, sans mondes virtuels préformatés... N’'empêche, vu qu'’il n’y a plus ni télé, ni bistrot au village, je me suis constitué un public d’'une demi-douzaine de mamies ravies de m'’entendre déclamer mes poèmes à la veillée, en échange d’'une tasse de chocolat chaud ou d'’une bolée de cidre... voire parfois d'’un vrai repas. Bien sûr, c'’est intéressé - qui ne l’'est pas de nos jours ? - mais pas seulement : sans moi, elles seraient déjà mortes, de maladie, de peur ou de solitude... Oui, je prétends maintenir en vie ces vestiges du passé, les aider à résister aux ouragans de l’'Histoire.
J’'ai prétendu, plutôt. Car c’'est fini maintenant... Le raz-de-marée du 3 janvier a tout balayé.
Je suppose que cela t’'évoque quelque chose, même à l'abri (crois-tu) des fureurs du monde au milieu de tes montagnes suisses.
Rappelle-toi comment il faisait chaud à cette période, avec ces orages violents qui éclataient sans cesse. Dans ton Enclave aussi, la neige a dû fondre, non ? Ou bien épandiez-vous de la neige artificielle ?
Ce soir-là, j'’étais chez mes auditrices les plus fidèles, les deux soeœurs Menguy - tu sais, Marion et Manon, qui habitent sur la colline, celles qui nous fournissaient des oeœufs - en train de tester un nouveau poème, quand leur radio de secours, posée sur leur antique vaisselier, s'’est mise à crachoter. Ces appareils sont peu gourmands en énergie, une heure au soleil suffit à les recharger, c'’est pourquoi le Conseil de l'’Europe les distribue dans toutes les zones sinistrables. Néanmoins les deux soeœurs avaient dû omettre cet entretien minimum, car ce que dégoisait la radio était à peine audible. En la collant à mon oreille, j’'ai néanmoins réussi à comprendre qu’'un morceau « grand comme la Sicile « de glacier groenlandais s’était détaché de l'’inlandsis et avait sombré dans l’'Atlantique. « Ah bon, alors ça ne nous concerne pas «, a conclu Marion, soulagée. Erreur. A 23 h 30, la première vague du raz-de-marée a déferlé sur les dunes. Son grondement a fait trembler le vaisselier.
Une seconde, on a cru qu'’un nouvel orage éclatait, mais le bruit était trop vaste, trop liquide, trop écrasant. Je suis sorti sur le perron, et j’'ai vu... ou plutôt entrevu - ce qui est pire -, à la faveur des échappées de lune entre les nuages, cette noire muraille aux reflets métalliques, frangée d’écume blafarde, se ruer sur la côte en un fracas de fin du monde... engloutir les dunes, avaler la route et s'’abattre sur les maisons côtières - sur ma maison !
Mon premier réflexe a été d’enfourcher mon VTT - Manon m’a agrippé le bras : « Non ! Il en viendra d’'autres ! « Elle avait raison : cinq vagues ont suivi, dont la plus haute - ai-je appris plus tard - a atteint dix-huit mètres.
Je ne suis redescendu chez moi que le lendemain matin, dérapant dans la boue et pataugeant dans les flaques où tressautaient encore des poissons agonisants. J’'ai croisé des cadavres en chemin, d’'animaux mais aussi d’humains, encastrés dans leur voiture écrabouillée, agrippés à leur cheval noyé, emmêlés à leur vélo tordu : vaines tentatives de fuite... Non, je n’'ai pas pleuré ces gens que je fréquentais encore la veille - les temps sont durs pour tout le monde - mais j’'ai pleuré devant les ruines de ma maison : tant d’années, d’'histoires, de souvenirs dispersés en un instant d’'apocalypse...
J’'ai récupéré quelques bricoles - plus sentimentales qu’'utiles - dans les débris vaseux et détrempés, et je suis parti sans même saluer les soeœurs Menguy, peut-être les ultimes survivantes de Zant-Ivy...
Je me suis fait inscrire comme réco au centre de Brest, où l’'on m’a fourni une couverture de survie et une « avance sur indemnités « de 50 euros - la fortune, hein ? - et conseillé vivement d’'aller à Rennes, car les trois CHP de Brest étaient saturés.
J'ai mis deux semaines à y arriver, en vélo, à pied, en tracteur, en carriole ou en voiture (une seule fois, sur vingt kilomètres).
Le camp occupe l’'ancienne zone industrielle de la route de Lorient, tu imagines le décor : béton craquelé, ferrailles rouillées, vitres brisées, poussière et bitume en friche... J’'y ai été dépouillé de tout - mon VTT, mes souvenirs, ma couverture, mes euros, ma dignité... Je végète au milieu de dix mille récos issus de toute l’'Europe, avec une ration alimentaire et un demi-litre d'eau potable par jour - quand je réussis à les arracher -, par 45°C en moyenne. Chaque nuit, sous mon bout de bâche, j'entends des bagarres et des coups de feu, des femmes violées, des gens égorgés. Chaque jour, les camions de la morgue ou de je ne sais quelle usine de recyclage viennent ramasser les victimes de la nuit, ou du paludisme, du choléra, de la fièvre Ebola et autres maladies exotiques, comme ce botulisme des mouettes qui les décime par milliers, et qui s'’avère (c'’est nouveau) contagieux par simple contact et mortel pour les gens faibles ou surinfectés - la majorité ici.
Je ne vais pas m’'étendre davantage, ni me complaire dans le misérabilisme. Tu as compris dans quelles conditions je survis...
Aussi je ne te demande qu'’une seule chose - au nom de notre ancienne relation peut-être (ne parlons plus d’'amour), ou de la simple solidarité humaine : vu ta position désormais dominante, tu n'as qu'’un geste à faire, qu'’un mot à dire pour m’'obtenir un laissez-passer pour ton Enclave. Même une autorisation « visiteur « provisoire me suffirait. Et sitôt entré, promis, tu n’'entendras plus parler de moi. Je saurai me cacher, creuser mon trou discret, et si je suis découvert et refoulé, tant pis, au moins j'’aurais essayé... Mais il me faut ton coup de pouce, Elise. Sinon je mourrai ici - ici ou ailleurs, c'’est partout pareil.
Loïc
Mon adresse :
  • Loïc Prigent,
  • n° XB9827,
  • CHP Rennes-Ouest, ZI-Lorient,
  • 35000 Rennes.
Inutile d’envoyer un fax, les lignes sont toujours encombrées.
Le courrier, par contre, est distribué dans un bureau blindé et gardé, donc à peu près sûr.

J'’espère que tu recevras cette lettre et j’'attends ta réponse. Je n'’ose envisager que tu refuses...
Je t’'embrasse.


  • CH - P.R.S. de Sion - CH
  • COMMISSION DE SÉCURITÉ
  • OBJET : lettre manuscrite adressée à Mme Elise de La Villardière code
  • DÉTECTION : par mots-clés code
  • MÉTHODE : scan
  • AVIS DE LA COMMISSION : destruction. Ne pas aviser la destinataire

Une nouvelle inédite de Jean-Marc Ligny, auteur de science-fiction.
« Le Monde » - Edition du mercredi 4 juillet 2001

16 mai 2005

La vie devant "soie"

Bernard Ollivier, 63 ans, ancien journaliste, retraité, marche chaque année sur les pas de Marco Polo en Asie centrale.

" On ne peut partir si on n'a pas déposé tout ce qui n'est pas nécessaire à la survie. Le dépouillement, c'est la loi fondamenatle du voyageur. On doit se mettre à poil "

Libération - le 24 juillet 2001 par JEAN-PIERRE PERRIN

Et si la vie, la vraie vie, celle où les rêves font chavirer la quille du quotidien et où l'on s'en va à la mer, au désert, au monde entier, commençait à 60 ans? La retraite est là, bien méritée comme on dit. Les enfants sont grands et composent leur avenir tout seuls. Devant soi, il reste encore une grande plage blanche à traverser avant les Sargasses du grand âge, une grande page blanche aussi à écrire. Et il y a aussi l'angoisse, la poignante angoisse du vide, surtout après une période d'hyperactivité. C'est tout ça qui fait marcher Bernard Ollivier et le précipite, à 60 ans passés, sur la route de la soie. S'ajoute son veuvage qui, une fois la terrible épreuve surmontée, a tranché la dernière amarre qui pouvait encore le rattacher à la terre ferme des habitudes.

Chaque été, il retrouve donc cette route de la soie pour en parcourir une nouvelle étape de plus de 2000 km, reprenant son chemin exactement là où il l'avait abandonné l'année précédente. Destination finale Xian, en Chine. Il voyage le plus simplement du monde: avec ses deux jambes et en solitaire. Libre, les pieds dans la poussière, la casquette dans les étoiles et les yeux vagabonds, chapardant sans cesse des images et quêtant des rencontres. Chaque soir, à l'étape, il les retranscrit sur des carnets. Car cette retraite l'a fait aussi - même s'il avait derrière lui une longue carrière de journaliste politique et économique -, naître vraiment à l'écriture, le faisant enchaîner des récits de voyages, un recueil de nouvelles sur les SDF et, bientôt, des romans policiers. Outre les nouvelles, deux récits ont déjà été publiés: Traverser l'Anatolie et Vers Samarcande. «Habituellement, chez Phébus, on ne donne pas d'à-valoir à un auteur avant d'avoir lu son manuscrit. Bernard Ollivier est l'exception. Avant de partir, il a déposé chez nous son projet, lequel a tout de suite emballé le patron», raconte Blandine de Caunes, qui travaille dans cette maison d'édition. Les deux titres figurent dans les listes des meilleures ventes.

L'été, Bernard Ollivier marche pendant trois à quatre mois - il est reparti fin juin pour sa troisième et avant-dernière étape qui doit l'emmener, à travers l'Asie centrale, jusqu'aux portes de la Mongolie. Le reste de l'année, réfugié dans sa «ruine» de Normandie, une maison qu'il rebâtit de ses mains depuis trente-cinq ans et qui sera «présentable» dans vingt-cinq autres années, il écrit et prépare avec tout le soin possible le prochain voyage.

Avant, l'homme n'était même pas marcheur. Quand la retraite lui est tombée dessus, il est allé chercher le dossier qu'il avait préparé en prévision de celle-ci. «Après avoir fait un bilan de ma vie passée, je me suis demandé ce que j'allais faire de cette retraite. C'était la dernière période de ma vie, je ne voulais pas la rater», raconte-t-il à Saint-Malo, où il est l'invité du festival Etonnants Voyageurs. «C'est sur un coin de table que j'ai pris la décision d'aller à Saint-Jacques de Compostelle.» L'ancien journaliste à Combat et au Matin n'est pourtant pas croyant. A peine est-il agnostique. Mais l'art roman, qui maille de chapelles et de sanctuaires la pérégrination vers Saint-Jacques, l'émeut au plus haut point. En trois mois, il couvre les 2325 km qui séparent Paris de la capitale de la Galice. C'est en marchant qu'il découvre la fraternité des chemins, «cette convivialité formidable qui réunit des chefs d'entreprise et des ouvriers agricoles, forme des couples d'amitiés extrêmement fortes qui ne finiront jamais». Il y apprend aussi une règle, lui qui n'a rien d'un ascète puisqu'il entretient dans sa cave une «jolie collection» de 500 bouteilles de bordeaux, celle du nécessaire dénuement. On ne voyage vraiment que sans bagage: «On ne peut partir si on n'a pas déposé tout ce qui n'est pas nécessaire à la survie. Le dépouillement, c'est la loi fondamentale du voyageur. On doit se mettre à poil.» Sur les routes de la Chine, son sac est tout aussi léger: deux paires de chaussettes, deux slips, un chandail...

C'est en allant à Saint-Jacques qu'il a attrapé, lui le «curé laïque», comme l'appelle un copain, le virus des chemins. Deux longues routes l'intéressent: la piste de Santa Fe des pionniers américains et celle de la soie, chère à Marco Polo. Parce qu'il aime l'histoire, il choisit la seconde. Cela fait pas mal de pays à traverser: Turquie, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan... Au risque de passer pour un intégriste de la marche, il ne triche jamais avec les kilomètres, refusant, quelle que soit sa fatigue, qu'une voiture le prenne. En plein été, il traverse l'affreux désert iranien du Dasht-e Kavir. «Pas une dune, pas un brin d'herbe, pas un rocher où l'œil pourrait s'arrimer», écrit-il. Parfois, le désespoir l'étrangle. Ainsi, la traversée du Turkménistan. Il écrit: «Cette humanité grossière et ces flics avides, ce soleil assassin, ces étendues déshumanisées, tout est trop hostile. [...] Je me laisse doucement glisser loin de l'espoir qui me portait jusqu'alors. A quoi bon lutter?» Parfois, sa santé trébuche. Sur les hauts plateaux d'Anatolie, il tombera même nez dans l'herbe, abattu par la dysenterie. La peur, l'angoisse s'imposent aussi comme compagnons de voyage. «Tous les matins, je me demande si je vais rencontrer un village sur ma route, pouvoir manger, dormir, trouver de l'eau. Et tomber sur des gens merveilleux ou des bandits.» Mais tout cela est transcendé par la plénitude qu'offre la marche, «cette sorte de jouissance qui survient vers sept heures du matin, une fois le soleil levé, lorsque chaque morceau du corps fabrique du bonheur. Il y a un moment où l'on se sent en l'air.»

Si le marcheur a du souffle, l'écrivain en a moins. Il peine dans ses descriptions de paysages et sa vision de l'Iran est trop souvent à ras du bitume. Il ne faut pas chercher un nouveau Nicolas Bouvier ou un Bruce Chatwin. Mais bien peu de grands voyageurs ont un cœur gros comme le sien. Déjà, quand il courait le marathon, il n'hésitait pas à sacrifier sa course pour guider un participant aveugle. Lui qui a trouvé dans la marche une nouvelle liberté est convaincu que d'autres peuvent s'en sortir de la même façon. En particulier, les délinquants multirécidivistes. Grâce à l'argent de ses bouquins, il a créé Seuil, une association qui, en coopération avec les juges, offre à des adolescents emprisonnés la possibilité de sortir de prison. La contrepartie: marcher au moins 2000 km en trois mois dans un pays étranger, sans en connaître la langue, sans radio ni walkman. En cas de rupture du contrat, ils réintègrent leur lieu de détention. S'ils arrivent au bout, ils sont libres: «Mon projet de vie, c'est aussi de sortir des multirécidivistes des taules. La marche doit fonctionner comme une thérapie. S'ils réussissent, ils deviennent des héros et seront obsédés par le fait qu'ils ont enfin fait quelque chose de positif dans leur vie.» L'expérience existe en Belgique. En France, elle commencera en octobre. A cette date, deux jeunes délinquants, accompagnés d'un bénévole, partiront d'Istanbul pour gagner Paris. Bernard Ollivier, lui, veut continuer à marcher. Jusqu'à son dernier souffle. «Ma retraite sera réussie si j'ai su me préparer à mourir. Et le voyage permet de penser à ce qui est important.».

15 mai 2005

Leçon du vieux professeur

Un jour, un vieux professeur de l'École Nationale d'Administration Publique (ENAP) fut engagé pour donner une formation sur La planification efficace de son temps à un groupe d'une quinzaine de dirigeants de grosses compagnies nord-américaines. Ce cours constituait l'un des cinq ateliers de leur journée de formation. Le vieux prof n'avait donc qu'une heure pour "passer sa matière ". Debout, devant ce groupe d'élite (qui était prêt à noter tout ce que l'expert allait enseigner), le vieux prof les regarda un par un, lentement, puis leur dit :

  • Nous allons réaliser une expérience.

De dessous la table qui le séparait de ses élèves, le vieux prof sortit un immense pot Mason d'un gallon (pot de verre de plus de 4 litres) qu'il posa délicatement en face de lui. Ensuite, il sortit environ une douzaine de cailloux a peu près gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot. Lorsque le pot fut rempli jusqu'au bord et qu'il fut impossible d'y ajouter un caillou de plus, il leva lentement les yeux vers ses élèves et leur demanda :

  • Est-ce que ce pot est plein ?

Tous répondirent :

  • Oui !

Il attendit quelques secondes et ajouta :

  • Vraiment ?

Alors, il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de gravier. Avec minutie, il versa ce gravier sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de gravier s'infiltrèrent entre les cailloux... jusqu'au fond du pot. Le vieux prof leva à nouveau les yeux vers son auditoire et redemanda :

  • Est-ce que ce pot est plein ?

Cette fois, ses brillants élèves commençaient à comprendre son manège. L'un d'eux répondît :

  • Probablement pas !
  • Bien ! répondît le vieux prof.

Il se pencha de nouveau et cette fois, sortit de sous la table une chaudière de sable. Avec attention, il versa le sable dans le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier. Encore une fois, il demanda :

  • Est-ce que ce pot est plein ?

Cette fois, sans hésiter et en choeur, les brillants élèves répondirent :

  • Non !
  • Bien ! répondît le vieux prof. Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ?

Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet de ce cours, répondît :

  • Cela démontre que même lorsque l'on croit que notre agenda est complètement rempli, si on le veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire.
  • Non, répondît le vieux prof. Ce n'est pas cela. La grande vérité que nous démontre cette expérience est la suivante : si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer tous, ensuite.

Il y eut un profond silence, chacun prenant conscience de l'évidence de ces propos.

Le vieux prof leur dit alors :

  • Quels sont les gros cailloux dans votre vie ?
    • Votre santé ?
    • Votre famille ?
    • Vos ami(e)s ?
    • Réaliser vos rêves ?
    • Faire ce que vous aimez ?
    • Apprendre ?
    • Défendre une cause ?
    • Relaxer ?
    • Prendre le temps...?
    • Ou... toute autre chose ?
  • Ce qu'il faut retenir, c'est l'importance de mettre ses GROS CAILLOUX en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas réussir...sa vie. Si on donne priorité aux peccadilles (le gravier, le sable), on remplira sa vie de peccadilles et on n'aura plus suffisamment de temps précieux à consacrer aux éléments importants de sa vie.

    Alors, n'oubliez pas de vous poser à vous-même la question : "Quels sont les GROS CAILLOUX dans ma vie?" Ensuite, mettez-les en premier dans votre pot (vie).

Mais soudain, voilà qu'un étudiant se lève. Il s'approche du pupitre du maître et se saisit du bocal, dont chacun s'accordait à dire qu'il était cette fois véritablement totalement rempli. L'étudiant décapsule une canette de bière devant tout le monde et en verse tout le contenu dans le bocal.

Ainsi, le liquide se disperse harmonieusement dans les espaces qui, à l'évidence, existaient encore dans le fameux bocal.

Moralité :
" Aussi remplie que soit ton existence, il y aura toujours de la place pour une bonne bière "

Merci professeur !

14 mai 2005

Julos Beaucarne


Dans son métier de chanteur-poète, Julos Beaucarne était secondé par sa femme, Louise-Hélène. Le 2 février 1975, un déséquilibré l'a poignardée.

Après ce drame épouvantable, Julos a écrit à ses amis, au cours de la nuit même qui a suivi la mort de sa femme, la lettre que voici :

Amis bien-aimés,

Ma Loulou est partie pour le pays de l'envers du décor, un homme lui a donné neuf coups de poignard dans sa peau douée. C'est la société qui est malade, il nous faut la remettre d'aplomb et d'équerre par l'amour et l'amitié et la persuasion. C'est l'histoire de mon petit amour à moi, arrêté sur le seuil de ses trente-trois ans. Ne perdons pas courage, ni vous ni moi. Je vais continuer ma vie et mes voyages avec ce poids à porter en plus et mes deux chéris qui lui ressemblent.

Sans vous commander, je vous demande d'aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir, il faut reboiser l'âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. A travers mes dires vous retrouverez ma bien-aimée ; il n'est de vrai que l'amitié et l'amour. Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses. On doit manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller en paradis. Ah ! comme j'aimerais qu'il y ait un paradis, comme ce serait doux les retrouvailles.

En attendant, à vous autres, mes amis de l'ici-bas, face à ce qui m'arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu'un histrion, qu'un batteur de planches, qu'un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd'hui : je pense de toutes mes forces qu'il faut s'aimer à tort et à travers.

Interwiew de Julos Beaucarne


13 mai 2005

Ecoutons notre présent !

par Sebastiýo Salgado

PEDRO, torse nu, essaye de respirer un peu d'air frais à travers la porte entrouverte d'un wagon surchauffé. Son pantalon, une paire de sandales en plastique, la béquille sans laquelle il ne peut marcher : il n'a plus rien d'autre. Des bandes salvadoriennes, les mara salvatruchas, l'ont dépouillé du peu qu'il avait emporté de son village du Guatemala. Pedro l'a quitté depuis des semaines pour essayer de traverser tout le Mexique en se cachant dans des trains de marchandises, arriver 3 500 kilomètres plus au nord et franchir la frontière des États-Unis. Parce qu'elle est l'une des mieux gardées au monde, tous les clandestins n'y réussissent pas. Ils sont alors condamnés à essayer de trouver du travail sur place, dans les « maquiladoras » - les « usines à sueur ». Sans grande chance d'y arriver.

Depuis sa naissance, voilà huit ans, My Châu n'a jamais connu qu'un univers de béton, de grillages et de barbelés. Sa faute ? Être née de parents boat-people qui ont été enfermés dans le camp de Whitehead après leur fuite du Vietnam. Elle n'a jamais vu une forêt ou un jardin, un chien ou une vache. Par chance, elle a déjà vu des chats parce qu'ils arrivent à se glisser partout. Ce camp, récemment fermé, était au cœur de Hongkong, l'une des villes les plus riches du monde.

Un train entre dans Metro Manilla, l'un des plus grands et des plus sinistres bidonvilles du monde. Quand Anak l'entend venir, il déménage sur la voie d'à côté. Quand un nouveau convoi arrive dans l'autre sens, il fait le chemin inverse. Anak est si pauvre parmi ces millions de pauvres qu'il ne peut même pas se loger dans un des taudis que ces trains rasent à chaque passage. Quelques kilomètres plus loin, les seuls espaces verts sont des immenses terrains de golf qui s'étendent en plein centre-ville. Leurs propriétaires refusent de les céder : ils perdraient trop de temps à se faire conduire jusqu'à la périphérie de Manille pour pratiquer leur sport.

Dès que la nuit tombe, les avions de guerre font un bruit d'enfer en survolant les camps de réfugiés aux alentours de Kukës. Des milliards de dollars volent au-dessus de leurs têtes. Mais un mois après qu'ils ont fui jusque-là, ces Albanais s'entassent toujours sous des abris de plastique qu'ils ont bricolé sur les remorques de leurs tracteurs. La nourriture est hors de prix. L'aide internationale n'arrive qu'aux plus forts, à ceux qui peuvent l'attraper quand elle leur est jetée. C'était pour venir à leur secours que les forces alliées intervenaient au Kosovo.

Muniakindi est assise sur la voie ferrée à quelques kilomètres de Kisangani, son bâton et son balluchon à ses pieds, son enfant suspendu à son dos. D'autres, jeunes et vieux, couchés un peu plus loin, ne se relèveront jamais. Tous ont marché des centaines de kilomètres pour fuir l'avancée des troupes de Kabila. Ils étaient au moins trois cent mille au départ, quelques milliers survivront à un exode de plusieurs mois. Cette extermination est le contrecoup du génocide rwandais, le premier génocide exécuté au vu et au su du monde entier. Il aurait été tué dans l'oeuf si les grandes puissances avaient voulu intervenir : les troupes de l'ONU ont pris la fuite quelques jours après son déclenchement.

Mohamed cherche à se faire une petite place sur le bateau qui va quitter la côte marocaine près de l'enclave espagnole de Ceuta. Il est du Haut-Atlas, mais d'autres clandestins à ses côtés ont parcouru toute l'Afrique à pied ou en camion, venant de pays aussi éloignés que la Zambie et le Zaïre. Ils vont traverser le détroit de Gibraltar, puis essayer de remonter plus au nord, y compris jusqu'à la France, même si elle se ferme toujours plus. Les passeurs, qui ont fourni l'embarcation, la surchargent pour récupérer dix ou vingt fois leur mise. Que le vent se lève, que les courants soient trop forts et elle coulera. Au petit jour, les gardes-côtes ramasseront peut être quelques cadavres. Les journaux locaux publieront un entrefilet pour appeler à les identifier à la morgue. Personne ne viendra. Ils seront enterrés dans une fosse commune, anonymement. Pendant des années, leurs veuves, leurs familles attendront en vain le moindre signe de vie.

Une seule fazenda monopolise tout le fond d'une vallée de l'Equateur. Sur les pentes, comme un immense damier, s'accrochent des lopins minuscules, de plus en plus petits parce que divisés et redivisés à chaque héritage. S'occuper de la terre est devenu une affaire de femmes : les hommes ont dû partir chercher du travail en ville. Traditionnellement, ils reviennent une fois par an, lors de la fête de la fertilité, le 1er novembre, pour célébrer la vie, et, le lendemain, pour célébrer la mort. Mais pas cette année. La crise est passée par là, et ils auraient honte de venir sans cadeaux, pis : sans même un peu d'argent pour acheter les semences que leurs familles ont déjà mangées.

Depuis 1993, dans près de cinquante pays, j'ai vécu les trois quarts de chaque année aux côtés de tant de Pedro, de My Châu, d'Anak, de Muniakindi, de Mohamed ! Partout et toujours, j'ai vu ces immigrés, ces réfugiés, ces « personnes déplacées » - ils sont plusieurs centaines de millions - à vivre là où ils arrivent dans des conditions beaucoup plus difficiles que leurs voisins des pays du Nord, et encore plus difficiles que les autres habitants des mégapoles du Sud. Pourtant, ils ne cèdent pas à la détresse : ils se battent avec courage et détermination, avec une force qui mérite notre respect.

Surtout, j'ai vu que la vie qu'ils avaient quittée, mais qui reste la vie de tous ceux restés sur place, bien plus nombreux, était pire encore : ils sont partis parce que leur chance d'échapper à une pauvreté intolérable était nulle. Et cette vérité m'a profondément changé.

En commençant cette enquête, je savais que le monde comportait des zones d'ombre, mais j'imaginais qu'il allait dans le bons sens et qu'elles disparaîtraient peu à peu. Je ne m'attendais pas à découvrir le contraire : elles ne cessent de s'assombrir et de s'étendre. Une minorité de l'humanité, celle qui se montre et qu'on montre, avance ; l'immense majorité, masquée, recule.

Pendant ces sept années, je l'ai vue, je l'ai regardée, et j'ai pris le temps de l'écouter. Naturellement : les habitants de cette planète en mouvement se tournaient vers l'objectif comme vers un micro. Parce qu'ils attendaient de moi non pas de faire naître la compassion mais de faire savoir qu'ils existent. Ma dette envers eux est immense.

Une vieille, très vieille Musulmane bosniaque n'avait pour seul abri, en plein hiver, qu'un convoi de wagons immobilisés en rase campagne depuis des mois. Elle ne pouvait même pas être considérée comme une réfugiée à part entière : elle avait quitté la Bosnie avant les viols et les massacres, et ceux qui les avaient subis étaient jugés prioritaires. Je l'ai photographiée, nous avons longuement parlé. Elle m'a alors serré dans ses bras, très fort, et n'arrivait pas à arrêter de pleurer. Quelqu'un, enfin, l'avait écoutée.

Écoutons notre présent !

Sebastiýo Salgado est photographe

12 mai 2005

Quelques mots

  • Éclaire ce que tu aimes sans toucher à son ombre - Christian Bobin

  • La vie est une cerise, la mort est un noyau, l'amour est un cerisier - Jacques Prévert

  • Comment auraient-ils pu savoir qu'aimer, c’est révéler à l’autre sa splendeur et lui rendre sa liberté? - Ariane Buisset

  • Dieu a créé l'homme et l'homme a créé Dieu pour le remercier - Anonyme

  • J’ai des questions à toutes vos réponses. - Woody Allen

  • J'ai trouvé le chaînon manquant entre le singe et l'homme ! C'est nous. - Professeur Konrad

  • Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, mais le bonheur de chacun - Boris Vian

  • Tous les hommes font la même erreur, de s'imaginer que bonheur veut dire que tous les vœux se réalisent.- Léon Tolstoï
  • Être sérieux, mais ne pas se prendre au sérieux - Anonyme

  • On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes - Proverbe juif

  • Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie - André Malraux

  • Vieillir ensemble, ce n'est pas ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années. - Jacques Salomé

  • Un optimiste, c'est celui qui sait que le monde n'est pas très joli,
    un pessimiste, c'est celui qui découvre chaque matin que le monde n'est pas très joli et qui en souffre -
    Peter Ustinov

10 mai 2005

Fallait pas !

par Pierre Georges - Le Monde
IL NE FAUT PAS

Manger du coureur dopé, principe de précaution.
Pas boire de sodas améliorés, principe de tempérance.
Pas conduire de voiture gonflée, principe de survie.
Pas regarder de feuilleton télévisé, principe de culture.
Pas dormir les volets ouverts, principe de sécurité.
Pas fumer, pas chiquer, pas traverser hors les clous, n'en point manger non plus.
Surveiller son ombre comme son ombre,
Sa ligne pour ce qu’elle fut,
Ses fréquentations douteuses et ses lectures irritantes.
Il ne faut pas lire le journal, c'est mauvais pour la vue et pour les nerfs.
Il ne faut pas sortir le soir et encore moins les nuits sans lune.
Il ne faut pas faire l'amour, c'est dangereux l’amour.
Pas faire la fête, c'est immoral la fête.
Pas faire du vélo, c'est casse-gueule, moins que le roller, certes, mais plus que la trottinette.
Pas cueillir les plantes, c'est interdit.
Pas fouler les pelouses, c'est prohibé.
Pas chasser, c'est indigne.
Pas pêcher, c'est beauf.
Pas rêver, crédit de rêve est mort !
Pas oser, c'est risqué.
Pas risquer, c'est osé.
Pas squatter, c'est antisocial.
Pas louer, c'est démodé.
Il faut ne pas aller au soleil, le soleil est cancérigène.
Pas rester à l'ombre des noyers, c'est rhumatismal.
Pas sortir sans parapluie, pourrait pleuvoir.
Pas marcher sans chaussures antidérapantes, pourrait glisser.
Pas sortir sans sa petite laine, il pourrait geler.
Pas aller en Afrique, c'est plein de mouches tsé-tsé.
Pas aller en Asie, c'est bourré de moustiques.
Pas aller en Floride, c'est plein de crocochoses.
Pas aller en Océanie, c'est loin l’Océanie.
Il ne faut pas rater son bac, ni le bus qui mène au bac.
Pas rater non plus sa correspondance, ni se risquer, dans les couloirs du métro.
N'oublier ni son dorsal ni son ventral sur son balcon.
Ne point aller dans les quartiers chauds et les cités déshéritées.
Pas fréquenter les jeunes, le jeune est dangereux. Pas supporter les vieux, le vieux est déprimant.
Pas tolérer les fâcheux, mort aux fâcheux.
Pas regarder les filles, c'est du harcèlement.
Pas regarder le garçons, c'est amoral.
Il ne faut pas boire trop de café, c'est mauvais pour le cœur,
Pas boire trop d'eau minérale c'est mauvais pour les reins.
Pas prendre trop d’aspirine, fatale à l'estomac.
Pas de sucreries, pour les dents.
Pas de viande, c'est trop carné.
Pas de jolis fruits, trop beaux pour être honnêtes.
Pas de champignons, c'est Tchernobyl
Pas de salade, c'est pesticide et compagnie.
Pas de laitages, listériose garantie. Pas de lard, puisque ce n'est plus du cochon
Pas de poisson fumé, il l'est trop
Pas de poisson frais, il ne l’est pas assez.
Il ne faut pas se baigner en piscine, trop de chlore.
En rivière trop d'égouts.
En mer, trop de mer.
Il ne faut pas regarder l'éclipse et encore moins oublier ses cotisations retraite.
Il ne faut pas travailler plus de trente heures, ou alors le double.
Il ne faut pas oublier de réserver, au restaurant, au cinéma, au théâtre, et au Père-Lachaise.
Il ne faut pas rire des choses graves, ni prendre au sérieux les fantaisistes.
Il ne faut pas faire de fautes d'orthographe, c'est attentatoire à la langue.
Pas manger non plus la langue de bœuf; c'est attentatoire au cerveau et donc à l'ortograf.

Il ne faut pas vivre. C'est très mauvais pour la vie !