30 décembre 2005

Tout commence par la mer

Photo d'une larve d'oursin Paracentrotus lividus, primée au concours Imagene, organisé par ce réseau d'excellence.
© R. Bonaventura


Telle est la devise de Marine Genomics Europe (MGE) 1, un réseau d'excellence financé par la Commission européenne (6e PCRDT 2).
Regroupant 44 institutions de 16 pays, dont deux non européens, le Chili et Israël, ce réseau est un « laboratoire virtuel » riche de 450 chercheurs. Une masse critique d'autant plus prometteuse que nombre des laboratoires de biologie marine qui composent Marine Genomics Europe, comme la station biologique de Roscoff en France, occupent déjà, au niveau mondial, des positions d'excellence.

Le but de ce réseau est de regrouper les biologistes marins à l'échelle européenne, et de rendre accessibles les approches et les outils de la génomique aux chercheurs en écologie, en environnement, en biologie et en physiologie des êtres marins. Catherine Boyen, directrice de recherche CNRS à Roscoff et coordonnatrice scientifique du projet, en est l'une des chefs de file. La réalisation de ces objectifs passe par la création d'une plateforme commune de bio-informatique à l'université de Bielefeld en Allemagne et une meilleure accessibilité aux autres plateformes technologiques à haut débit existantes en Europe.

Le projet est structuré autour de grands centres d'intérêt : les micro-organismes, les algues, les poissons et fruits de mer, l'évolution, le développement et la biodiversité. Le budget du réseau, qui a été fixé à dix millions d'euros sur quatre ans, est coordonné par France Innovation Scientifique et Transfert SA (Fist SA), filiale privée du CNRS et de l'Anvar spécialisée dans la commercialisation des technologies innovantes.

L'enjeu de Marine Genomics Europe, créé en 2004, est double : la connaissance pure, mais aussi les applications potentielles en santé et en biotechnologies. Sans oublier les connaissances nécessaires à la gestion des ressources marines dans la perspective du changement climatique global, la préservation de la biodiversité, la pérennité des pêcheries et le développement de l'aquaculture marine. Car si « tout commence dans la mer », il ne faudrait pas que tout y soit en péril…

Hervé Ponchelet



1. Consulter le site web
2. Programme-cadre de recherche et développement technologique.
CONTACT - Catherine Boyen - Station biologique, Roscoff - boyen@sb-roscoff.fr

Article paru dans >>>
CNRS > Presse > Journal du CNRS > N°192 Janvier 2006

Un conte de Noël - Après 80 ans de vagabondage, le bateau retrouve son port


C'est vraiment, le coup de coeur !
Un SOS est lancé dans la presse locale, le 6 décembre 2005.
Un bateau né à Roscoff en 1926 va être détruit le 5 janvier 2006, si personne ne l'accueille. A la lecture de cet article, il me paraît inimaginable de laisser disparaître un témoin de notre passé maritime. Spontanément, nous sommes quatre ou cinq à partager ce sentiment...

La suite, de l'histoire est
ICI
Le 5 janvier, le " Nethou-Vagabond " ne subira pas les coups destructeurs d'un bulldozer, mais sera gruté sur un camion.
Le 9 janvier, il retrouvera Roscoff, son port d'origine, après 80 ans d'une histoire très dense.

20 novembre 2005

Il est temps de penser aux cadeaux de Noël !!!

Chaque année, à peine passée la Toussaint, il faut penser à Noël et aux Fêtes du Nouvel An.
Nombreux sont ce qui disent : "Vivement que cette période soit passée, je n'aime pas cela".
Mais, le piège est là, nous ne sommes pas seuls.
Si l'on ne respecte pas les obligations de cette période de forte consommation, les petit-enfants que vont ils penser de nous, les conjoints de même, nos parents et les amis.
Même ceux qui passent dans la solitude le réveillon se sentent obligés envers eux-mêmes d'ouvrir une bonne bouteille et de manger du chocolat en regardant les autres faire la fête à la télé.
Malgré nous, nous y passons "tout entier" chaque
année.
Pour vous y préparer, voici mon cadeau : des adresses de sites s'intéressant à la consommation et à la pub.
Bonnes fêtes,
ne culpabilisez pas,
je ferai comme vous le 24 et le 31 décembre.

15 novembre 2005

Notre empreinte écologique

Allez visiter à cette adresse, sur le blog de Fanch.
Il a déniché un site qui nous permet de réaliser ce que chacun de nous utilise de "surface" de terre pour sa propre vie.

L'empreinte écologique, c'est quoi ?
Que ce soit pour se nourrir, se déplacer, se loger ou gérer nos déchets, nous prenons à la planète des ressources naturelles. Tout va bien tant que nous ne prenons pas plus que ce que la nature peut nous offrir. Mais est-ce que nous prenons plus ? C'est à cette question que tente de répondre l'empreinte écologique. Votre empreinte écologique est une estimation de la superficie dont la terre a besoin pour subvenir à vos besoins, sans épuisement des ressources. Votre empreinte écologique vous permet de mesurer votre influence directe sur la nature.

Combien nous offre la nature ?
Nous allons tout mesurer en terrains de foot (un terrain de foot = 50 x 100 m = 1/2 hectare). Si l'on compte la superficie totale de la planète terre, il y a environ 17 terrains de foot par personne pour 6 milliards de personnes. Après avoir enlevé les océans, les déserts, les glaciers et tous les endroits où l'on ne peut ni vivre ni cultiver la terre, il reste environ 4 terrains de foot par personne. Si on admet qu'il faut réserver un quart de cet espace pour les autres espèces animales, il reste environ 3 terrains de foot disponibles pour chacun des 6 milliards d'individus vivant à l'heure actuelle.

Quelle est notre empreinte écologique ?
Pour une seule personne vivant en Europe, la terre a besoin en moyenne de 10 terrains de foot pour subvenir à ses besoins sans épuisement des ressources. La moyenne mondiale est d'environ 5 terrains de foot par personne. Cela veut dire que nous sommes en train d'épuiser les ressources naturelles. Oui, nous consommons déjà plus que ce que la terre peut nous offrir sur le long terme. Nous sommes loin du développement durable. Si nous mettons ces résultats dans la perspective d'une population mondiale de 10 milliards d'individus en 2050, associée à une croissance économique mondiale, il y a de quoi s'inquiéter pour les générations à venir.

Que faire ?
Si nous voulons savoir comment influencer l'empreinte écologique de l'ensemble de la population humaine, il va falloir réfléchir à redéfinir le progrès...

Je n'en dis pas plus, Fanch vous explique cela très bien.

13 novembre 2005

Albums de photos

Cliquez ici >>> Albums de photos

Vous ouvrirez des albums de photo, avec diaporama, photos en diverses tailles et quelques vidéos.

Je vous propose de partager quelques photos de Roscoff où je demeure.

10 novembre 2005

Publicité EDF - " C'est à nous ! "


Vous n'avez pas vu la pub de l'EDF. C'est ICI
Décryptons :
Quand l'EDF était publique, elle était à qui ? A nous, à nous les citoyens ?

Sans doute que non, car la publicité nous fait bien comprendre que pour dire "C'est à nous", il faut être actionnaire.
Comment s'étonner que le citoyen ne se sente pas concerné par le bien, les biens publics. Insidieusement, une telle publicité veut nous faire penser qu'un bien collectif n'appartient pas au citoyen.
Alors doit-on s'étonner du manque de respect des biens publics, de la dégradation dans les lieux publics, et même en ce mois de novembre 2005 des détériorations graves des espaces publics, écoles, moyens de transport, etc...
Même s'il n'y a pas de lien direct entre la "casse" et une telle publicité, il existe cependant un rapport. A déposséder le grand nombre, des biens collectifs, la "fracture sociale" ne peut que s'élargir.
Inconsciemment, le message est transmit et certainement reçu : hier les Telecom, aujourd'hui les autoroutes et l'EDF, demain pourquoi pas l'école, les prisons,....
Celui qui ne peut pas être "actionnaire" sera totalement dépossédé.
Messieurs les décideurs, tout à un prix. Une publicité comme celle là à un prix difficile à mesurer mais certainement très cher dans l'évolution des mentalités.
Un simple contre exemple, pour éduquer les jeunes à respecter le bien public.
A Reykjavick en Islande, vers 8 heures le matin, je rencontre une lycéenne de 17/18 ans qui entretient les fleurs dans un jardin public. Surpris, je l'interroge. Elle m'explique que tous les lycéens assurent chaque matin une heure d'entretien dans les lieux publics.
Tout est possible .... si l'on veut bien réfléchir à ce que l'on fait.

Cet article publié également dans "Agoravox" a fait l'objet de quelques commentaires

Il n'y a pas de misère en France


Monsieur Balkany
s'exprime sur une télévision américaine
( en français ). ICI

La vidéo se suffit....
Il n'y a pas besoin de commentaires....

Le fichier vidéo est un peu long à charger (4Mo) mais c'est très instructif sur la situation française.




Cette info, je l'ai trouvé ICI
Au fait, qui est ce M. Balkany ? - Article de l'Express

05 novembre 2005

Café des sciences du Pays de Morlaix

La région était habituée à ce type de rencontres. A St Pol de Léon, pendant de longs mois se tenait régulièrement les soirées de la "Crêperie scientifique". C'est une chance extraordinaire d'avoir la possibilité d'écouter et d'échanger avec des scientifiques, des chercheurs sur des thèmes qui concernent chacun dans sa vie. Malgré la complexité des sujets abordés, les intervenants sont très attentifs à utiliser un langage compréhensible par des "non-spécialistes". ce n'est pas toujours simple, mais c'est élémentaire pour rendre ces conférences utiles et intéressantes.
Le pays de Morlaix a repris cette pratique. La différence essentielle avec l'ancienne formule sera le changement de lieu de chaque conférence-débat. Le territoire des Pays de Morlaix est assez étendu : de Locquirec à Plouescat et de la mer aux mont d'Arrées. C'est l'occasion de créer des liens entre les habitants des différentes communes du Trégor finistérien et du Léon.
Une visite du site, vous montrera la diversité des thèmes abordés et surtout de leur importance dans nos vies.

27 octobre 2005

Répartition des richesses dans le monde

Faut-il s'étonner que des milliers d'hommes, femmes et enfants tentent par tous les moyens et au péril de leurs vies de quitter leurs pays ?
La lecture du tableau donne la réponse...
PIB par habitant (répartition des richesses) dans tous les pays du Monde
Je n'ai pas trouvé de tableau qui donne la solution...
Mais au-delà des statistiques
cet article
éclaire de manière éblouissante sur les écarts de richesses dans le monde

25 octobre 2005

Lettres et cerveau

Sleon une édtue de l' Uvinertisé de Cmabrigde,
l' odrre des ltteers dnas un mot n'a pas d'ipmrotncae ,
la suele coshe ipmrotnate est que la pmeirère
et la drenèire soeint à la bnnoe pclae.
Le rsete peut êrte dans un dsérorde ttoal

et vuos puoevez tuj oruos lrie snas porlbème.

C'est prace que le creaveu hmauin ne lit pas

chuaqe ltetre elle-mmêe mias le mot cmome un tuot.

La preuve ...

Si vous aimez faire fonctionner votre cerveau cliquez >>>
ICI.
C'est magique !


Faites cet autre test
AVANT de lire le résultat sans tricher

Il n'y a aucun piège

- Lisez d'abord cette phrase :

FINISHED FILES ARE THE RE-
SULT OF YEARS OF SCIENTIF-
IC STUDY COMBINED WITH
THE EXPERIENCE OF YEARS.

- Maintenant, comptez les " F " de cette phrase a voix haute.
Comptez les UNE SEULE FOIS sans vous arrêter, et sans revenir en arrière.

Les résultats sont quelques lignes plus bas...




























RÉPONSE :

Il y a six F dans la phrase.

  • Une personne dont l'intelligence se situe dans la moyenne en trouvera 3.
  • Si vous en avez trouvé 4 vous êtes au-dessus de la moyenne.
  • Si vous en avez 5 c'est déjà sérieux.
  • Si vous en avez 6, vous êtes un génie :-)

Il n'y a pas d'astuce, la plupart des gens oublient les " OF " .
En fait, le cerveau humain est persuadé
de voir des V en lieu et place des F

24 octobre 2005

Mieux qu'un long discours

Pour l'égalité entre les hommes et les femmes ...


Il reste du travail !!!!

22 octobre 2005

Vive le sucre

Vive le sucre
A cinq ou six ans d'écart, deux chroniques du Monde abordent le même thème :
La liberté individuelle. Cela interroge !

21 octobre 2005

Changer le monde, c’est possible !

Changer le monde, c’est possible !
Ce n'est pas moi qui le dit.
C'est Riccardo Petrella, Professeur à l'Université Catholique de Louvain ( Belgique ) et auteur de "Désir d'humanité" et " Le droit de rêver"

20 octobre 2005

AgoraVox - le journal citoyen

Le contenu de ce site est très intéressant. Ce n'est pas son seul atout.
Les articles peuvent être lus. Testez la qualité de la "lecture" par une "machine" ayant une voix de femme, c'est stupéfiant de qualité.

AgoraVox - le journal citoyen

30 septembre 2005

Coup de chapeau aux Canadiens. Une femme, noire, immigrée est devenue la nouvelle Gouverneure générale du Canada









Michaelle Jean est devenue 27 ème Gouverneure général du Canada
Michaelle Jean, 48 ans, a été assermentée à titre de 27ème Gouverneure générale du Canada.

Elle est la troisième femme et la première personne de race noire à devenir chef de l'Etat canadien.


Michaêlle Jean, renonce à sa citoyenneté française.

Alors qu’elle prend officiellement fonction ce mardi 27 septembre 2005, Michaelle Jean, a annoncée dimanche qu'elle renonçait à sa nationalité française. L’information contenue dans un communiqué de presse, précise qu’ « en raison des responsabilités liées à la fonction de gouverneure générale du Canada, et de commandant en chef des forces canadiennes elle a décidé de renoncer à la nationalité française » .

En effet, Michaelle Jean, Journaliste d'origine haïtienne, avait la double nationalité
canadienne et française. Aujourd’hui âgée de 48 ans, elle avait acquise cette citoyenneté suite à son mariage avec le cinéaste français. Jean-Daniel Lafond. La France a accédée à sa demande le 23 septembre 2005.

La gouverneure générale du Canada est la représentante officielle de la reine d'Angleterre, qui est le chef d'Etat du Canada. Cette fonction était jusqu’ici occupée par Adrienne Clarkson.

Son portrait par Radio Canada

Discours d'installation de Michaëlle Jean,
Gourverneure générale du Canada

Ottawa (Ontario), Le 27 septembre 2005

Prime Minister, Monsieur le Premier ministre,

C’est avec fierté et beaucoup d’émotion que je réponds aujourd’hui à l’appel du destin qui prend parfois un tournant que l’on n’aurait pas osé imaginer. Sachez combien je suis honorée de la marque de confiance que vous me témoignez en me désignant le 27e Gouverneur général du Canada. Je tourne en votre présence une page importante de ma propre histoire et j’entreprends cette nouvelle aventure avec espoir et conviction.

Je voudrais avant tout vous parler d’espoir. Lors de sa vingt-deuxième visite au Canada, en mai dernier, la Reine Élizabeth II nous rappelait que nous pouvons “faire une différence” pour celles et ceux qui viendront après nous. “Si nous nous efforçons dans notre vie et à notre manière d’améliorer le monde qui nous entoure, alors, disait-elle, nous pourrons à bon droit être fière de notre contribution”. Voilà une parole en tous points conforme à la femme très préoccupée par le sort de l’humanité que j’ai eu l’honneur de rencontrer à Balmoral. C’est une parole d’espoir que je fais mienne devant vous.

Car l’espoir a éclairé tout mon parcours d’enfant et de femme et s’est incarné dans ce pays aux possibilités illimitées que, il faut bien l’avouer, l’on tient parfois pour acquis. Depuis la petite fille née dans un autre pays “barbelé de pied en cap”, pour reprendre l’expression si forte de mon oncle le poète René Depestre, celle qui a vu ses parents, sa famille, ses amis aux prises avec les horreurs d’une dictature sans merci, jusqu’à la femme qui se tient devant vous aujourd’hui, c’est tout un apprentissage de la liberté qui a vu le jour.

Je sais à quel point cette liberté est précieuse et quel héritage fabuleux elle représente pour chaque enfant et chaque citoyen de ce pays. Moi dont les ancêtres étaient des esclaves, moi qui suis issue d’une civilisation longtemps réduite aux chuchotements et aux cris de la douleur, j’en connais le prix et je reconnais en elle notre plus grand trésor collectif.

Je demeure convaincue que chaque Canadienne, chaque Canadien, est riche de cette liberté et défierait quiconque voudrait la lui enlever. De Signal Hill à l’île de Vancouver, de la terre de Baffin à Thetford Mines, cette terre de liberté est nôtre et nous unit toutes et tous. Cette liberté a marqué notre histoire et notre territoire de son souffle florissant comme nos étés et fort comme nos hivers. Elle a façonné cet esprit d’aventure que j’aime par-dessus tout dans ce pays et qui permet à chacune et à chacun d’entre nous de participer pleinement à son édification.

Il y a plus de quatre siècles, cet esprit d’aventure pousse des femmes et des hommes à franchir l’océan pour découvrir ailleurs un monde nouveau. C’est aussi lui qui amène des peuples autochtones à leur communiquer le génie de ces terres généreuses. C’est encore lui qui conduit les gens des quatre coins du monde à venir ici prendre part à nos projets d’avenir ou recommencer leur vie à l’abri de l’injustice et loin des massacres. C’est toujours lui qui incite nos artistes, nos chercheurs, nos forces du maintien de la paix et nos institutions à propager notre savoir-faire et notre message d’espoir. Nous sommes aujourd’hui la somme de toutes ces aventures.

Pensez-y. Aborder une terre inconnue avec l’espoir de s’y enraciner. Se nourrir de la rencontre avec les peuples de ces grands espaces qui résonnent de leurs coutumes immémoriales. S’ouvrir enfin au monde entier qui vient retrouver chez nous l’idéal d’une société où toutes les citoyennes et tous les citoyens sont égaux en droits. Notre histoire nous parle de la liberté d’inventer un monde nouveau, et de l’audace de ces aventures singulières.

Permettez-moi d’ajouter que ma nomination au poste de Gouverneure générale du Canada en est la preuve. La preuve que tous les possibles sont permis en ce pays. Ma propre aventure représente pour moi et pour d’autres une étincelle d’espoir que j’aimerais entretenir pour le plus grand nombre.

Nous récoltons aujourd’hui ce que nous avons semé, et la moisson est abondante. Nous avons mis en place des mesures qui ont favorisé l’éclosion de talents qui portent notre voix dans le monde entier. Le Canada peut compter, en ce début de millénaire, sur deux richesses inestimables : notre territoire et notre population. Chacune et chacun d’entre nous renoue à sa façon avec ce sentiment d’appartenance à cet espace que nous partageons et qui contient le monde. Jamais il n’a été aussi urgent d’en assurer l’intégrité éthique et écologique pour les générations à venir. Il s’agit là d’une obligation morale.

Je sais que notre planète est fragile et des catastrophes naturelles comme celle qui a sévi dernièrement chez nos voisins nous le rappelle brutalement. Nous avons vu tant de personnes perdre leurs biens. Puis, comme c’est universellement le cas dans de telles circonstances, nous avons vu émerger des segments entiers d’une population, parmi les plus démunis, celles et ceux qui n’avaient nulle part où aller. Dépossédés, sans repères, confrontés à la dévastation, voire au désarroi. Des images comme celles-ci, nous en avions vues en provenance du Darfour, d’Haiti, du Niger. Voilà que cette fois-ci, c’était la Nouvelle-Orléans, dans les marges d’une société d’abondance.

D’autres changements surviennent et nous rendent perplexes. La redéfinition des frontières et la violence qui parfois l’accompagne, l’ouverture des marchés, la rapidité et la convergence des moyens de communications font que la carte du monde se modifie de jour en jour sous nos yeux et que les pays s’interrogent sur la place qu’ils y tiennent. L’enjeu est de taille : il s’agit de participer à la fois à un mouvement de mondialisation et à la protection de signes qui enrichissent l’humanité de notre propre rapport au monde.

Le métier de journaliste, que j’ai pratiqué avec passion et conviction, m’a permis d’être le témoin privilégié de bien des bouleversements et de cette ouverture sans précédent sur le monde. Sachez que j’entends rester à l’écoute et que ma curiosité reste vive. J’estime que nous sommes à un point tournant de l’histoire des civilisations et que notre avenir repose plus que jamais auparavant sur celles et ceux qui nous forcent à imaginer le monde de demain. Ces femmes et ces hommes qui déploient aujourd’hui les multiples facettes de nos possibilités. Qui gravent dans notre mémoire la mesure de nos aspirations. Qui nous tendent un miroir où se révèle l’écart entre ce que nous sommes et ce que nous aspirons à être.

Il est fini le temps des “deux solitudes” qui a trop longtemps défini notre approche de ce pays. L’étroitesse du “chacun pour soi” n’a plus sa place dans le monde actuel qui exige que nous apprenions à voir au-delà de nos blessures et de nos différends pour le bien de l’ensemble. Bien au contraire, nous devons briser le spectre de toutes les solitudes et instaurer un pacte de solidarité entre tous les citoyens qui composent le Canada d’aujourd’hui. Il y va de notre prospérité et de notre rayonnement partout où l’espoir que nous représentons apporte au monde un supplément d’âme.

C’est dans cette perspective que j’entends m’assurer que cet espace institutionnel que j’occupe à compter d’aujourd’hui soit plus que jamais un lieu où la parole citoyenne trouvera un écho et où prévaudront les valeurs de respect, de tolérance et de partage qui sont si chères à mes yeux et à ceux de toutes les Canadiennes et de tous les Canadiens. Je dirais même que ces valeurs sont pour moi souveraines et sont inextricablement liées au Canada que j’aime. Mon mari Jean-Daniel Lafond et moi-même souhaitons rallier les forces vives autour de ces valeurs qui nous rassemblent et qui ont une portée universelle.

Il est une phrase de Montesquieu, ce philosophe du siècle des lumières, qui résonne beaucoup en moi et que j’aimerais partager avec vous. Elle dit que “le devoir du citoyen est un crime lorsqu’il fait oublier le devoir de l’homme”. J’ajouterais, évidemment, de la femme, puisque nous aimons être nommées à part entière. Et bien cette phrase m’inspire et me réconforte à la manière d’un rempart contre la barbarie qui afflige tant de peuples en ce monde. Elle me rappelle aussi la chance que nous avons toutes et tous d’être citoyennes et citoyens d’un pays qui ne craint pas de faire reculer les préjugés et dont la générosité est notre plus bel étendard dans le concert des nations. À titre de Gouverneure générale, j’entends mettre en valeur cet élan de générosité dont les Canadiennes et les Canadiens ont souvent su faire preuve au fil de l’histoire, depuis nos anciens combattants et nos Forces canadiennes, dont les sacrifices sont innombrables, jusqu’aux nombreux volontaires de l’action humanitaire qui travaillent souvent dans l’ombre au nom d’un idéal pacifique de liberté et de justice.

Je veux aussi et surtout que nos jeunes soient nos porte-étendard. Je veux qu’ils puisent à pleines mains dans ce trésor énorme qu’est le Canada. Je suis mère d’une petite fille dont l’histoire m’a ouvert les yeux sur des réalités très dures, mais incontournables. Marie-Éden, ma fille, a changé ma vie. Elle m’a appris que si tous les enfants naissent égaux, ils n’ont pas tous les mêmes chances de s’épanouir. Voilà qui vaut autant pour les enfants d’ici que pour les enfants du tiers monde.

Je pense également à Joshua, ce jeune Cri rencontré il n’y a pas si longtemps à Nemaska où mon métier de journaliste m’avait conduite. Alors que la plupart de ses camarades avaient décroché de l’école et que plusieurs d’entre eux s’étaient donné la mort, ce garçon s’est étonné de ma présence dans sa communauté. Il m’a interrogé sur mon travail dans les médias et, d’une manière ou d’une autre, mon expérience l’a incité à vouloir prendre sa place dans le domaine des communications, en dépit de tous les obstacles sur sa route.

Rien ne me semble plus indigne de nos sociétés modernes que la marginalisation de certains jeunes conduits à l’isolement et au désespoir. Nous ne devons pas tolérer de telles dérives. Après tout, nos jeunes nous aident à redéfinir la grande famille à laquelle nous appartenons toutes et tous dans un monde de moins en moins étanche, de plus en plus ouvert. Ils sont la promesse de notre avenir. Il est donc de notre devoir de les engager à participer à cette réinvention du monde et de leur communiquer cet esprit d’aventure que nos ancêtres nous ont transmis, quelles que soient leurs origines. Il faut donner aux jeunes le pouvoir et surtout l’envie de faire ressortir leur plein potentiel. À cela, je veillerai et j’invite tous et chacun à m’aider dans cette tâche primordiale.

Je suis animée de l’espoir de rencontrer très bientôt mes compatriotes et je suis forte de la conviction que le Canada doit continuer à accomplir de grandes choses si nous travaillons ensemble au mieux-être de la population et de l’humanité. Notre pays est si vaste et si riche dans ses coloris et ses accents. Plusieurs d’entre nous n’avons pas la chance d’en mesurer l’étendue. Je sais combien je suis privilégiée. D’où mon impatience et ma hâte d’aller à votre rencontre et d’amorcer avec vous le dialogue qui est pour moi l’acte fondateur de ce pays.

J’ai déjà une bonne idée de la sagesse des Premières Nations, de l’hospitalité légendaire et de l’humour des gens de l’Atlantique, de l’âme généreuse et de la culture rayonnante des Québécoises et des Québécois, de la résilience des francophones hors Québec, de l’impressionnante vitalité économique de l’Ontario, du sens de l’honneur des résidants de l’Ouest où, me dit-on, il est encore possible de conclure une bonne affaire par une poignée de main, de la géographie spectaculaire de la Colombie-Britannique. Je connais plusieurs des splendeurs de ce pays, mais il me reste tant à découvrir à vos côtés. Il me tarde d’aller vers vous, dans vos communautés, vos villes, vos villages, vos familles, et de vous entendre parler de votre foi en ce pays de liberté qui est une source inépuisable de renouvellement.

Les gouvernements de tous les ordres, les communautés de partout au pays, les organismes qui veillent à son essor, les institutions qui le mettent en valeur, les femmes et les hommes qui font que ce pays existe ont tous la responsabilité d’éveiller en nous cet esprit d’aventure avec lequel j’entreprends aujourd’hui d’assumer, avec fierté et détermination, la fonction de Gouverneure générale du Canada. Je souhaite de tout mon coeur que nous misions ensemble sur la vigueur de notre histoire collective pour réaliser notre voeu le plus cher, mais le plus ambitieux, d’un monde meilleur.

Je vous remercie.

Commentaire personnel :

Le Canada est très loin .... de la France ...

19 juillet 2005

Démographie mondiale

Nous serons 6,5 milliards cette année - voir Site Web

À la fin de l'année, la Terre comptera 6,5 milliards d'humains.
À Tours, 2000 chercheurs de 110 pays planchent cette semaine sur l'avenir
de cette population mondiale, dominée par six pays, Chine et Inde en tête.



Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Vertiges des chiffres de la démographie.

  • Chaque seconde la Terre compte deux humains de plus.
  • La population mondiale s'accroît de 75 millions de personnes chaque année.
  • Six pays mènent le bal : la Chine, l'Inde, les États-Unis, l'Indonésie, le Brésil et le Pakistan.
  • L'espérance de vie moyenne, tous pays confondus, est désormais de 65 ans, mais les écarts demeurent énormes : 37 ans au Zimbabwe, 82 ans au Japon.

La démographie nous projette dans l'avenir du monde.

  • De six milliards d'humains, fin 2005, on passerait à 8 milliards en 2025 et sans doute à 9 ou 10 milliards en 2050.
  • La croissance de la population dans les prochaines décennies s'annonce donc soutenue, mais on est loin des prédictions catastrophistes qui avaient encore cours à la fin des années 80. On parlait alors de quinze milliards d'humains à l'horizon 2050.
  • Depuis, la « transition démographique » a touché de plus en plus de pays. Le contrôle des naissances s'est répandu.

« Trois milliards de personnes en plus d'ici au milieu du siècle, c'est beaucoup, mais c'est gérable »
estime la démographe Catherine Rollet, qui préside le comité d'organisation du congrès de Tours.

2050, c'est demain.

  • L'Asie rassemblera 58 % de l'humanité.
  • L'Inde sera le pays le plus peuplé avec 1,5 milliard d'habitants devant la Chine (1,4 milliard).
  • Le Pakistan, par exemple, aura plus que doublé, passant de 162 millions d'habitants à près de 350 millions.
  • Idem pour le continent africain, en dépit du sida et de ses millions de morts.
  • En revanche, une trentaine de grands pays industrialisés vivront un hiver démographique. Le Japon perdrait ainsi près de 15 % d'habitants.

Moins d'Européens

Et nous, les Européens ? Quel visage aura notre Vieux Continent ? Les chercheurs plancheront, jeudi, sur cette question du vieillissement dans une Europe des Vingt-Cinq qui, selon les scénarios, perdrait d'ici à 2050 de 13 % à 20 % de sa population.

Diminution des actifs. Augmentation de l'espérance de vie. Révision des systèmes de retraite. Choix ou non de développer l'immigration. Des questions cruciales. Mais aux yeux des démographes, le problème du vieillissement de la population - qui est en soi une bonne nouvelle - se pose tout autant, sinon plus, aux pays en voie de développement.

Un chercheur indien a calculé que la population des seniors allait plus que tripler dans son pays d'ici au milieu du siècle. Même chose au Pakistan. « Compter entièrement sur les familles pour fournir des soins aux personnes âgées, pourrait ne pas suffire, en raison de sérieux problèmes de pauvreté et de chômage dans nos pays », écrit cet universitaire.

Le Sud vieillit

Comment garantir une vie décente aux plus âgés dans des pays dépourvus de systèmes de retraite et de structures d'accueil collectif ? « Ce vieillissement de la population qui commence à toucher les pays du Sud, ce sera l'un des changements sociaux les plus importants du XXIe siècle », estiment les experts du congrès de Tours.

Dans ce tableau de la démographie mondiale, la France a, finalement, des airs de paradis qui s'ignore. On continue d'y faire des enfants. Le pays a l'un des meilleurs taux de fécondité d'Europe derrière l'Irlande. La longévité y est excellente, surtout côté femmes. Le système de protection sociale, fragile sans soute, est très envié. Bref, la France n'a pas à être morose.

Démographie : la révolution du XXIe siècle
par Jean Boissonnat

Ce sera la vraie révolution du XXIe siècle : le passage d'une phase d'explosion à une phase d'implosion de la population mondiale. Ce devrait être l'un des thèmes du Congrès mondial de la population qui se tient cette semaine à Tours. Certes, la population mondiale va continuer de croître sous l'effet de la vitesse acquise au siècle dernier. Nous sommes aujourd'hui 6,5 milliards d'êtres humains vivants sur Terre contre 1 en 1800. Une explosion sans précédent. Ces populations plus nombreuses nées au siècle dernier, donnent actuellement des enfants qui vont grossir la population mondiale. Nous serons très vraisemblablement plus de 8 milliards avant le milieu du siècle. Mais le rythme va se ralentir brutalement sous l'effet d'une chute historique de la fécondité qui a déjà commencé dans le monde.

Contrairement à une opinion très répandue, ce n'est pas seulement sur le Vieux Continent que la fécondité s'effondre. C'est partout dans le monde.

  • En Europe, il a fallu deux siècles pour passer d'une fécondité moyenne de cinq à six enfants par femme, à une fécondité de 1,4 enfant par femme.
  • Dans le reste du monde, il a suffi d'un demi-siècle pour passer de six à moins de trois enfants par femme. Le phénomène est particulièrement spectaculaire dans le pays le plus peuplé du monde, la Chine. Celle-ci connaît aujourd'hui une fécondité de 1,6 enfant par femme, inférieure à celle de la France (1,9). Cette chute ne peut que s'accélérer avec la modernisation du pays.
  • En effet, les autres pays d'Asie peuplés de Chinois, mais déjà plus avancés en termes de développement, connaissent des taux de fécondité encore plus bas que ceux de la Chine continentale : 1,3 à Singapour, 1,2 à Taïwan, 1 à Hong-Kong. De même, les autres pays développés d'Asie ont des taux de fécondité très faibles : 1,2 en Corée du Sud, 1,3 au Japon (1).

Autrement dit, le développement économique favorise la chute de la natalité alors que c'était la pauvreté qui était à l'origine de fécondités élevées, comme on le voit en Afrique. On faisait des enfants pour avoir à manger. On raréfie les naissances pour permettre à chaque enfant de s'élever plus vite dans une échelle sociale dynamisée par le développement économique.

Le mystère français

Personne, aujourd'hui, n'est capable de prévoir les conséquences de cette implosion de la population mondiale. Jusqu'où ira-t-elle quand nous aurons franchi le seuil des 9 ou 10 milliards d'êtres humains ? Y aura-t-il une stabilisation du nombre des hommes, une reprise de la natalité ou une chute durable de la population ? Les spécialistes sont prudents.
Qui aurait dit, voilà quelques années, que les pays les plus catholiques d'Europe (c'est-à-dire les plus réticents à employer les moyens techniques de contrôle des naissances) connaîtraient, aujourd'hui, les taux de fécondité parmi les plus faibles du continent : autour de 1,2 enfant par femme en Italie, en Espagne et en Pologne ?

Le cas de la France intrigue beaucoup. Pourquoi ce pays a-t-il relevé sa fécondité au cours des dernières années, alors qu'il connaît un taux de chômage record, et que tous les sondages le situent parmi les plus pessimistes du continent ? Sans doute parce qu'il jouit - quoi qu'on dise - d'un système social plus généreux qu'ailleurs. Peut-être, aussi, parce que, déçu par les grands rêves collectifs, il se replie sur des ambitions familiales et fait des enfants, faute de faire des révolutions.

S'il y a des incertitudes sur le nombre des humains à la fin de ce siècle, il n'y en a pas sur leur âge. Le vieillissement est à l'oeuvre partout.

  • La proportion des plus de 60 ans va doubler dans le monde d'ici à 2040,
    passant de 10 à 20 % de la population totale.
  • En Europe, on va passer de 20 à 35 %.
  • Il ne faut pas voir dans ce phénomène une catastrophe.

Il signifie d'abord, que la mort recule et que l'on pourra être en bonne santé et travailler jusqu'à 75 ans. Ce qui sera d'ailleurs nécessaire si l'on veut pouvoir financer une retraite décente.

L'humanité n'a pas fini de nous surprendre. Et ce qui bouge le plus n'est pas toujours ce que l'on voit le mieux.

18 juillet 2005

Le Kala Nag quitte Roscoff


Mardi matin 19 juillet, à 6 heures, Emma et Loïc ont quitté Roscoff à bord du Kala Nag.
Je leur souhaite "Bon vent".
Espérant que leur vie nouvelle, leur laissera le temps de mettre à jour leur site web
, afin de nous permettre de suivre leur histoire et celle du bateau.

Un bateau jaune en moins dans le port.... Heureusement, il en reste encore !!!!

25 juin 2005

Mise à l'eau du " Kala Nag " à Roscoff

La mise à l'eau d'un bateau est toujours une fête dans un port.

Ce samedi 25 juin 2005, vers 19 h, accompagné par Emma, Jeanne, Loïc et Thierry et de très nombreux amis, le Kala Nag a été délicatement posé sur l'eau. A peine "baptisé" au champagne, il s'est éloigné dans la brume...

Cliquer sur les images pour les agrandir


Nous pouvons découvrir ce bateau et son histoire et suivre sa route I>>> ICI

Bon vent au bateau et à ses occupants

Extrait de l'Ouest-France du 28 juin 2005
Le quai d'Auxerre était noir de monde, samedi en fin de journée pour un événement qui se fait toujours avec une grande solennité : la mise à l'eau d'un bateau, le Kala Nag. Ce voilier, âgé de 26 ans et restauré, découvre enfin la mer. Son histoire n'est pas banale : la famille de Thierry et Jeanne Daniélou l'avait construit de leurs propres mains, à la fin des années soixante, mais ne l'avait pas mis à l'eau. Il y a quelques semaines, ils en ont fait cadeau à Loïc Bregeon qui l'a retapé avec des copains et lui a fait retrouver la vocation de tout bateau : naviguer ! Et c'est ainsi que vingt-six ans après sa construction, le Kala Nag a été grûté samedi soir dans le vieux port de Roscoff pour vivre une nouvelle jeunesse.

Le Kala Nag doit son nom au célèbre « Livre de la Jungle » de Rudyard Kipling. Dans le roman, l'éléphant Kala Nag retourne à la vie sauvage ! Le Kala Nag aussi est retourné samedi soir à sa vie naturelle sur l'eau ! Il le mérite bien !


18 juin 2005

Une belle soirée de juin à Roscoff

Promenade sur le port et l'estacade, le samedi 18 juin jusqu'à 23 h 00
Cliquez sur les photos pour les agrandir

05 juin 2005

Ellen Macarthur - 100 milles Plymouth / Roscoff

Après un départ pluvieux à Plymouth (Royaume-Uni), Castorama boucle le Trophée des 100 milles Brittany Ferries à Roscoff (France) sous un grand ciel bleu et dans un vent d'ouest-sud-ouest soufflant autour de 20 nœuds. En franchissant la ligne d'arrivée ce soir à 21h00mn25s heure française, le trimaran établit un nouveau record entre Plymouth et Roscoff.
Castorama avait quitté l'Angleterre en début d'après midi et coupé la ligne de départ entre Penlee Point et le navire "Pont Aven" de la compagnie Brittany Ferries dans des vents de sud-ouest de 25 nœuds.

Ellen MacArthur et son équipage composé de Loïk Gallon (Boat Captain de Castorama) et de Roland Jourdain (skipper du monocoque de 60 pieds Sill et Véolia) établissent ainsi un nouveau record en équipage entre Plymouth et Roscoff en 6 heures, 20 minutes et 33 secondes, remportant ainsi le premier Trophée des 100 milles Brittany Ferries. "Ce fût une formidable journée, a déclaré Ellen MacArthur à l'arrivée. La météo était assez instable et nous étions peut-être un peu plus rapides au départ. Mais passé la mi-parcours, nous avons du traverser le front car le ciel s'est rapidement éclairci. C'était génial de courir à nouveau sur Castorama et de naviguer avec Bilou et Loïk. Nous n'avons pas vraiment battu le Pont Aven jusque Roscoff mais ce fût une belle journée en mer". Pendant cette traversée, Castorama a atteint une vitesse maximale de 21 nœuds et a bouclé le parcours à une vitesse moyenne de 15,76 nœuds. Désormais, le Trophée des 100 milles Brittany Ferries sera remis à chaque bateau qui améliorera le temps établi aujourd'hui par le trimaran Castorama.

Web >>> Team Ellen

Vidéo

02 juin 2005

Voyage en Patagonie

Je rentre de voyage en Patagonie argentine et chilienne. Les notes de voyages sur le blog dont l'adresse est ci-dessous sont incomplètes et un peu dans le désordre. Dès que possible, je mettrai de l'ordre dans tout cela et j'y ajouterai des photos.
Je suis ravi de rentrer à Roscoff après plus de trois mois sur la mer ou sur la route. Mais franchement, j'ai pris un gros bol d'air en allant rendre visite à nos voisins de l'autre bout du monde.
Web >>> Carnet de voyage en Patagonie

Mes amis rencontrés sur la route "bloggent" aussi.

01 juin 2005

La vie quotidienne à Roscoff

Le site web créé en mai 1998, d'abord autour de la Maison de Retraite de Roscoff a évolué au fil des années. Aujourd'hui, c'est devenu un "portail" sur la ville. Près de 50 sites web sont en ligne à Roscoff.
" La vie quotidienne à Roscoff " ouvre la porte à tous les autres, il est également une mémoire de l'histoire de la ville et une galerie de photos.
La page personnelle que j'avais ouverte dès la création du site n'y a plus sa place. Aujourd'hui, la simplicité de création et de gestion des blogs me permet de créer " Coup de coeur" qui remplacera la page du même nom du site roscovite. J'y conserverai un lien, comme tous les liens qui existent avec l'ensemble des sites de la ville..

17 mai 2005

Lettre à Elise - 21 juin 2050

Rennes, le 21 juin 2050 (premier jour de l’'été, si ça a encore un sens...)
Ma chère Elise,
Tu dois trouver pour le moins curieux de recevoir une lettre de moi - surtout manuscrite et en papier - après deux ans de silence. Rassure-toi, je ne cherche pas à renouer, ni à te soutirer de l’'argent, ni même à te revoir. Je désire juste te donner de mes nouvelles, qui - je dois l’'avouer - ne sont pas très bonnes. Mais comme dit notre bien-aimé président (comment s'’appellet-il déjà ?), « il faut se serrer les coudes et tenir le coup «...
C’'est ce que je tente de faire depuis que je suis devenu un réco. Oui, tu as deviné : ce que tu craignais est arrivé. Ma maison ancestrale de Zant-Ivy que tu aimais tant (au début), ma maison plantée dans les dunes depuis des siècles, contre vents et marées... finie, en miettes. Elle qui a résisté à deux guerres mondiales, à cinq marées noires et à un nombre incalculable de tempêtes, c'’est finalement la mer qui l'’a emportée. Restent deux pans de mur et un pignon, défi dérisoire, juste histoire de montrer combien les anciens construisaient costaud...
Tu me diras, tant pis pour moi, j’'aurais dû m’y attendre, voilà ce qu’'on récolte à se cramponner à un passé révolu. Mais ça c'’est ta logique. Toi qui es née par clonage, qui es de nulle part, qui n’'as pas de racines, tu ne peux pas comprendre l’'attachement que l’'on éprouve envers une maison léguée de génération en génération, où planent les mânes des ancêtres, où chaque meuble raconte une histoire, où le poids des ans fait craquer les planchers... Même si elle est froide et inconfortable, même si elle s’'enlise dans des dunes crasseuses et instables, face à une plage infestée d'algues vertes et grignotée chaque année par la marée. Ce fut une des raisons de ton départ : « Comment peux-tu supporter toute cette merde ? « C’'est ce que tu répétais, le nez froncé de dégoût, un index accusateur tendu vers la plage puante et la mer jaunasse au-delà des dunes. Selon ta logique, quand un endroit devient invivable, on déménage vers un lieu encore préservé, n’'est-ce pas ? C'’est facile, avec un amant bien placé dans les cercles occultes du pouvoir, qui t’'offre les sésames des Enclaves les mieux protégées ! Bref, inutile de remuer « toute cette merde « - j’'ai enduré bien pire depuis...
Ne crois pas non plus que je t'’écris pour me plaindre : je veux juste te faire prendre conscience des conditions de vie d’'un réfugié écologique, car je ne suis pas certain que cette galère subie au quotidien par des millions d'’Européens parvienne jusqu’à ton Enclave suisse. (Je sais, le mot « Enclave « est péjoratif. Le terme officiel est Parc Résidentiel Sécurisé - PRS.
Eh bien moi, je vis dans un CHP, un Centre d’'Hébergement Provisoire. Pratiques, les initiales, pour masquer la réalité : tu vis dans une Enclave de riches et moi dans un camp de récos.)
Comme tu t’'en doutes, la situation n’a fait qu’'empirer durant ces deux années. Quand tu es partie, je crois que la commune faisait encore ramasser les algues vertes, dans l’'espoir d’'attirer quelques touristes. Espoir chimérique et vain, l’'Homo touristicus étant une espèce en voie de disparition... Bientôt la commune n'’a plus eu les moyens de louer des pelleteuses, puis s’'est délitée elle-même, emglobée dans un vague district aux contours et pouvoirs flous, qui n'’avait rien à faire de ce pâté de masures au bord d'’une côte dévastée, peuplé de vieux rogatons et de passéistes largués par l’'Histoire (moi, en l’'occurrence). La Poste - pardon : Euromail, Inc. - a fermé son bureau qui pourtant n'’était ouvert qu’'un jour par semaine ; le boulanger a mis la clé sous la porte ; le dernier bistrot - le Ty Coz, tu te souviens ? - a baissé définitivement sa grille à la mort de la vieille Soiz ; une épidémie de grippe asiatique, ou philippine, ou martienne, que sais-je, a fauché les plus faibles (faute de médecin), et les maisons se sont éteintes les unes après les autres... L’'an dernier, EDF - non, Energia-Europe - n’'a pas jugé rentable de rétablir le courant pour les rescapés du énième ouragan, donc plus moyen de travailler sur mon ordinateur... De toute façon, j’'avais repris l'’écriture manuelle, l’'électricité étant trop aléatoire et mes bons de fuel pour le générateur n'’étant pas « prioritaires «. Eh oui, j’'ai continué la poésie... même si je n’'ai aucune chance d’être publié, même si je suis « largué par l'’Histoire « avec mes émotions jetées brutes sur le papier, sans multimédia, sans interface man-machine, sans mondes virtuels préformatés... N’'empêche, vu qu'’il n’y a plus ni télé, ni bistrot au village, je me suis constitué un public d’'une demi-douzaine de mamies ravies de m'’entendre déclamer mes poèmes à la veillée, en échange d’'une tasse de chocolat chaud ou d'’une bolée de cidre... voire parfois d'’un vrai repas. Bien sûr, c'’est intéressé - qui ne l’'est pas de nos jours ? - mais pas seulement : sans moi, elles seraient déjà mortes, de maladie, de peur ou de solitude... Oui, je prétends maintenir en vie ces vestiges du passé, les aider à résister aux ouragans de l’'Histoire.
J’'ai prétendu, plutôt. Car c’'est fini maintenant... Le raz-de-marée du 3 janvier a tout balayé.
Je suppose que cela t’'évoque quelque chose, même à l'abri (crois-tu) des fureurs du monde au milieu de tes montagnes suisses.
Rappelle-toi comment il faisait chaud à cette période, avec ces orages violents qui éclataient sans cesse. Dans ton Enclave aussi, la neige a dû fondre, non ? Ou bien épandiez-vous de la neige artificielle ?
Ce soir-là, j'’étais chez mes auditrices les plus fidèles, les deux soeœurs Menguy - tu sais, Marion et Manon, qui habitent sur la colline, celles qui nous fournissaient des oeœufs - en train de tester un nouveau poème, quand leur radio de secours, posée sur leur antique vaisselier, s'’est mise à crachoter. Ces appareils sont peu gourmands en énergie, une heure au soleil suffit à les recharger, c'’est pourquoi le Conseil de l'’Europe les distribue dans toutes les zones sinistrables. Néanmoins les deux soeœurs avaient dû omettre cet entretien minimum, car ce que dégoisait la radio était à peine audible. En la collant à mon oreille, j’'ai néanmoins réussi à comprendre qu’'un morceau « grand comme la Sicile « de glacier groenlandais s’était détaché de l'’inlandsis et avait sombré dans l’'Atlantique. « Ah bon, alors ça ne nous concerne pas «, a conclu Marion, soulagée. Erreur. A 23 h 30, la première vague du raz-de-marée a déferlé sur les dunes. Son grondement a fait trembler le vaisselier.
Une seconde, on a cru qu'’un nouvel orage éclatait, mais le bruit était trop vaste, trop liquide, trop écrasant. Je suis sorti sur le perron, et j’'ai vu... ou plutôt entrevu - ce qui est pire -, à la faveur des échappées de lune entre les nuages, cette noire muraille aux reflets métalliques, frangée d’écume blafarde, se ruer sur la côte en un fracas de fin du monde... engloutir les dunes, avaler la route et s'’abattre sur les maisons côtières - sur ma maison !
Mon premier réflexe a été d’enfourcher mon VTT - Manon m’a agrippé le bras : « Non ! Il en viendra d’'autres ! « Elle avait raison : cinq vagues ont suivi, dont la plus haute - ai-je appris plus tard - a atteint dix-huit mètres.
Je ne suis redescendu chez moi que le lendemain matin, dérapant dans la boue et pataugeant dans les flaques où tressautaient encore des poissons agonisants. J’'ai croisé des cadavres en chemin, d’'animaux mais aussi d’humains, encastrés dans leur voiture écrabouillée, agrippés à leur cheval noyé, emmêlés à leur vélo tordu : vaines tentatives de fuite... Non, je n’'ai pas pleuré ces gens que je fréquentais encore la veille - les temps sont durs pour tout le monde - mais j’'ai pleuré devant les ruines de ma maison : tant d’années, d’'histoires, de souvenirs dispersés en un instant d’'apocalypse...
J’'ai récupéré quelques bricoles - plus sentimentales qu’'utiles - dans les débris vaseux et détrempés, et je suis parti sans même saluer les soeœurs Menguy, peut-être les ultimes survivantes de Zant-Ivy...
Je me suis fait inscrire comme réco au centre de Brest, où l’'on m’a fourni une couverture de survie et une « avance sur indemnités « de 50 euros - la fortune, hein ? - et conseillé vivement d’'aller à Rennes, car les trois CHP de Brest étaient saturés.
J'ai mis deux semaines à y arriver, en vélo, à pied, en tracteur, en carriole ou en voiture (une seule fois, sur vingt kilomètres).
Le camp occupe l’'ancienne zone industrielle de la route de Lorient, tu imagines le décor : béton craquelé, ferrailles rouillées, vitres brisées, poussière et bitume en friche... J’'y ai été dépouillé de tout - mon VTT, mes souvenirs, ma couverture, mes euros, ma dignité... Je végète au milieu de dix mille récos issus de toute l’'Europe, avec une ration alimentaire et un demi-litre d'eau potable par jour - quand je réussis à les arracher -, par 45°C en moyenne. Chaque nuit, sous mon bout de bâche, j'entends des bagarres et des coups de feu, des femmes violées, des gens égorgés. Chaque jour, les camions de la morgue ou de je ne sais quelle usine de recyclage viennent ramasser les victimes de la nuit, ou du paludisme, du choléra, de la fièvre Ebola et autres maladies exotiques, comme ce botulisme des mouettes qui les décime par milliers, et qui s'’avère (c'’est nouveau) contagieux par simple contact et mortel pour les gens faibles ou surinfectés - la majorité ici.
Je ne vais pas m’'étendre davantage, ni me complaire dans le misérabilisme. Tu as compris dans quelles conditions je survis...
Aussi je ne te demande qu'’une seule chose - au nom de notre ancienne relation peut-être (ne parlons plus d’'amour), ou de la simple solidarité humaine : vu ta position désormais dominante, tu n'as qu'’un geste à faire, qu'’un mot à dire pour m’'obtenir un laissez-passer pour ton Enclave. Même une autorisation « visiteur « provisoire me suffirait. Et sitôt entré, promis, tu n’'entendras plus parler de moi. Je saurai me cacher, creuser mon trou discret, et si je suis découvert et refoulé, tant pis, au moins j'’aurais essayé... Mais il me faut ton coup de pouce, Elise. Sinon je mourrai ici - ici ou ailleurs, c'’est partout pareil.
Loïc
Mon adresse :
  • Loïc Prigent,
  • n° XB9827,
  • CHP Rennes-Ouest, ZI-Lorient,
  • 35000 Rennes.
Inutile d’envoyer un fax, les lignes sont toujours encombrées.
Le courrier, par contre, est distribué dans un bureau blindé et gardé, donc à peu près sûr.

J'’espère que tu recevras cette lettre et j’'attends ta réponse. Je n'’ose envisager que tu refuses...
Je t’'embrasse.


  • CH - P.R.S. de Sion - CH
  • COMMISSION DE SÉCURITÉ
  • OBJET : lettre manuscrite adressée à Mme Elise de La Villardière code
  • DÉTECTION : par mots-clés code
  • MÉTHODE : scan
  • AVIS DE LA COMMISSION : destruction. Ne pas aviser la destinataire

Une nouvelle inédite de Jean-Marc Ligny, auteur de science-fiction.
« Le Monde » - Edition du mercredi 4 juillet 2001

16 mai 2005

La vie devant "soie"

Bernard Ollivier, 63 ans, ancien journaliste, retraité, marche chaque année sur les pas de Marco Polo en Asie centrale.

" On ne peut partir si on n'a pas déposé tout ce qui n'est pas nécessaire à la survie. Le dépouillement, c'est la loi fondamenatle du voyageur. On doit se mettre à poil "

Libération - le 24 juillet 2001 par JEAN-PIERRE PERRIN

Et si la vie, la vraie vie, celle où les rêves font chavirer la quille du quotidien et où l'on s'en va à la mer, au désert, au monde entier, commençait à 60 ans? La retraite est là, bien méritée comme on dit. Les enfants sont grands et composent leur avenir tout seuls. Devant soi, il reste encore une grande plage blanche à traverser avant les Sargasses du grand âge, une grande page blanche aussi à écrire. Et il y a aussi l'angoisse, la poignante angoisse du vide, surtout après une période d'hyperactivité. C'est tout ça qui fait marcher Bernard Ollivier et le précipite, à 60 ans passés, sur la route de la soie. S'ajoute son veuvage qui, une fois la terrible épreuve surmontée, a tranché la dernière amarre qui pouvait encore le rattacher à la terre ferme des habitudes.

Chaque été, il retrouve donc cette route de la soie pour en parcourir une nouvelle étape de plus de 2000 km, reprenant son chemin exactement là où il l'avait abandonné l'année précédente. Destination finale Xian, en Chine. Il voyage le plus simplement du monde: avec ses deux jambes et en solitaire. Libre, les pieds dans la poussière, la casquette dans les étoiles et les yeux vagabonds, chapardant sans cesse des images et quêtant des rencontres. Chaque soir, à l'étape, il les retranscrit sur des carnets. Car cette retraite l'a fait aussi - même s'il avait derrière lui une longue carrière de journaliste politique et économique -, naître vraiment à l'écriture, le faisant enchaîner des récits de voyages, un recueil de nouvelles sur les SDF et, bientôt, des romans policiers. Outre les nouvelles, deux récits ont déjà été publiés: Traverser l'Anatolie et Vers Samarcande. «Habituellement, chez Phébus, on ne donne pas d'à-valoir à un auteur avant d'avoir lu son manuscrit. Bernard Ollivier est l'exception. Avant de partir, il a déposé chez nous son projet, lequel a tout de suite emballé le patron», raconte Blandine de Caunes, qui travaille dans cette maison d'édition. Les deux titres figurent dans les listes des meilleures ventes.

L'été, Bernard Ollivier marche pendant trois à quatre mois - il est reparti fin juin pour sa troisième et avant-dernière étape qui doit l'emmener, à travers l'Asie centrale, jusqu'aux portes de la Mongolie. Le reste de l'année, réfugié dans sa «ruine» de Normandie, une maison qu'il rebâtit de ses mains depuis trente-cinq ans et qui sera «présentable» dans vingt-cinq autres années, il écrit et prépare avec tout le soin possible le prochain voyage.

Avant, l'homme n'était même pas marcheur. Quand la retraite lui est tombée dessus, il est allé chercher le dossier qu'il avait préparé en prévision de celle-ci. «Après avoir fait un bilan de ma vie passée, je me suis demandé ce que j'allais faire de cette retraite. C'était la dernière période de ma vie, je ne voulais pas la rater», raconte-t-il à Saint-Malo, où il est l'invité du festival Etonnants Voyageurs. «C'est sur un coin de table que j'ai pris la décision d'aller à Saint-Jacques de Compostelle.» L'ancien journaliste à Combat et au Matin n'est pourtant pas croyant. A peine est-il agnostique. Mais l'art roman, qui maille de chapelles et de sanctuaires la pérégrination vers Saint-Jacques, l'émeut au plus haut point. En trois mois, il couvre les 2325 km qui séparent Paris de la capitale de la Galice. C'est en marchant qu'il découvre la fraternité des chemins, «cette convivialité formidable qui réunit des chefs d'entreprise et des ouvriers agricoles, forme des couples d'amitiés extrêmement fortes qui ne finiront jamais». Il y apprend aussi une règle, lui qui n'a rien d'un ascète puisqu'il entretient dans sa cave une «jolie collection» de 500 bouteilles de bordeaux, celle du nécessaire dénuement. On ne voyage vraiment que sans bagage: «On ne peut partir si on n'a pas déposé tout ce qui n'est pas nécessaire à la survie. Le dépouillement, c'est la loi fondamentale du voyageur. On doit se mettre à poil.» Sur les routes de la Chine, son sac est tout aussi léger: deux paires de chaussettes, deux slips, un chandail...

C'est en allant à Saint-Jacques qu'il a attrapé, lui le «curé laïque», comme l'appelle un copain, le virus des chemins. Deux longues routes l'intéressent: la piste de Santa Fe des pionniers américains et celle de la soie, chère à Marco Polo. Parce qu'il aime l'histoire, il choisit la seconde. Cela fait pas mal de pays à traverser: Turquie, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan... Au risque de passer pour un intégriste de la marche, il ne triche jamais avec les kilomètres, refusant, quelle que soit sa fatigue, qu'une voiture le prenne. En plein été, il traverse l'affreux désert iranien du Dasht-e Kavir. «Pas une dune, pas un brin d'herbe, pas un rocher où l'œil pourrait s'arrimer», écrit-il. Parfois, le désespoir l'étrangle. Ainsi, la traversée du Turkménistan. Il écrit: «Cette humanité grossière et ces flics avides, ce soleil assassin, ces étendues déshumanisées, tout est trop hostile. [...] Je me laisse doucement glisser loin de l'espoir qui me portait jusqu'alors. A quoi bon lutter?» Parfois, sa santé trébuche. Sur les hauts plateaux d'Anatolie, il tombera même nez dans l'herbe, abattu par la dysenterie. La peur, l'angoisse s'imposent aussi comme compagnons de voyage. «Tous les matins, je me demande si je vais rencontrer un village sur ma route, pouvoir manger, dormir, trouver de l'eau. Et tomber sur des gens merveilleux ou des bandits.» Mais tout cela est transcendé par la plénitude qu'offre la marche, «cette sorte de jouissance qui survient vers sept heures du matin, une fois le soleil levé, lorsque chaque morceau du corps fabrique du bonheur. Il y a un moment où l'on se sent en l'air.»

Si le marcheur a du souffle, l'écrivain en a moins. Il peine dans ses descriptions de paysages et sa vision de l'Iran est trop souvent à ras du bitume. Il ne faut pas chercher un nouveau Nicolas Bouvier ou un Bruce Chatwin. Mais bien peu de grands voyageurs ont un cœur gros comme le sien. Déjà, quand il courait le marathon, il n'hésitait pas à sacrifier sa course pour guider un participant aveugle. Lui qui a trouvé dans la marche une nouvelle liberté est convaincu que d'autres peuvent s'en sortir de la même façon. En particulier, les délinquants multirécidivistes. Grâce à l'argent de ses bouquins, il a créé Seuil, une association qui, en coopération avec les juges, offre à des adolescents emprisonnés la possibilité de sortir de prison. La contrepartie: marcher au moins 2000 km en trois mois dans un pays étranger, sans en connaître la langue, sans radio ni walkman. En cas de rupture du contrat, ils réintègrent leur lieu de détention. S'ils arrivent au bout, ils sont libres: «Mon projet de vie, c'est aussi de sortir des multirécidivistes des taules. La marche doit fonctionner comme une thérapie. S'ils réussissent, ils deviennent des héros et seront obsédés par le fait qu'ils ont enfin fait quelque chose de positif dans leur vie.» L'expérience existe en Belgique. En France, elle commencera en octobre. A cette date, deux jeunes délinquants, accompagnés d'un bénévole, partiront d'Istanbul pour gagner Paris. Bernard Ollivier, lui, veut continuer à marcher. Jusqu'à son dernier souffle. «Ma retraite sera réussie si j'ai su me préparer à mourir. Et le voyage permet de penser à ce qui est important.».