23 décembre 2006

1927 - Sacco et Vanzetti

Je connaissais l'affaire " Sacco et Vanzetti ".
Cette affaire avait soulevé des protestations dans le monde entier lorsqu'ils furent condamnés et exécutés en 1927.
Plus récemment, un film et une chanson interprétée par Joan Baez ont évoqué cette terrible exécution.

Je découvre deux textes
où ces deux hommes s'expriment :

  • le premier Nicolas Sacco écrit à son fils quelques jours avant son exécution.
  • le second Vanzetti répond à son juge au cours du procés quelques mois avant son exécution

Lettre de Nicolas Sacco à son fils - Charlestown, 18 Août 1927,

Mon fils, mon compagnon,
Je veux t’écrire avant que nous partions
A la Maison de la mort car le 22, après minuit,
Vers la chaise électrique on nous poussera.
Pourtant, me voici empli d’amour
Et coeur ouvert, aujourd’hui comme hier.
Si j’ai cessé la grève de la faim, l’autre jour,
C’est parce que la vie s’en allait de moi.
Hier, par cette grève, je parlais fort.
Je proteste encore au nom de la vie, contre la mort.
Trop de larmes inutiles ont coulé,
Comme celle de ta mère,
Pour rien, pendant sept ans ; alors ne pleure pas,
Sois fort et tu pourras la réconforter.
Et si tu voulais lui faire oublier
Sa solitude sans colère,
Emmène-là marcher, longtemps,
Dans la campagne.
Et à l’ombre des bois fais-là reposer.
Écoutez la musique du ruisseau qui murmure
Et la paix tranquille de la Nature.
Dans ta course vers le bonheur,
Arrête-toi, mon fils, cherche l’horizon :
Aide les faibles, les victimes et les persécutés,
Car toujours ils seront tes meilleurs amis.
Comme ton père et Bartolo, ils luttent
Et tombent pour tous et pour la liberté.
Au combat de la vie, tu trouveras l’amour
Et tu seras aimé : c’est ton droit aussi.
Faites comprendre au monde
Que rien n’est terminé :
On peut tuer nos corps,
Mais jamais nos idées.
C’est tout le Massachusetts
Qui portera dans l’avenir la honte de ce temps.
Qu’une école remplace enfin cette maison,
Que des rires d’enfants effacent les prisons.
N’oublie pas de m’aimer un peu
Comme je t’aime, oh petit homme ;
J’espère que ta mère t’aidera à comprendre
Ces mots que je te donne. Adieu mon garçon.
Je t’envoie le salut de Bartolo.
Ton père et ton camarade,

Nicolas Sacco".


Vanzetti, répond le 9 avril 1927 au juge Thayer :

« Si cette chose n’était pas arrivée, j’aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues à des hommes méprisants. J’aurais pu mourir inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe. Jamais, dans toute notre vie, nous n’aurions pu espérer faire pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes, ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos souffrances ne sont rien. Mais qu’on nous prenne nos vies, vies d’un bon cordonnier et d’un pauvre vendeur de poisson, c’est cela qui est tout ! Ce dernier moment est le nôtre. Cette agonie est notre triomphe. »

Voir sur Wikipedia l'histoire de Sacco et Vanzetti


Aucun commentaire: